Les examens nationaux, session 2022, démarrent le 6 juin prochain sur toute l’étendue du territoire national par l’entrée en 7e année. A moins d’une semaine du coup d’envoi, la question du voile intégral (ou burqa) chez certaines candidates fait débat. Le collectif On ne touche pas à mon voile crée depuis 2018, a animé le 28 mai une conférence à l’Université Koffi Annan de Guinée. L’objectif était d’attirer l’attention des autorités sur l’interdiction du port du voile dans les salles d’examen. Une mesure qui contraint certaines élèves à abandonner l’école.

Joint au téléphone ce mardi 1er juin, la coordinatrice du collectif, Laouratou Diallo, ne décolère pas face à une situation qu’elle qualifie de discriminatoire. « Nos sœurs voilées sont discriminées. La problématique persiste, malgré la lutte menée par nos devanciers et nous depuis des années pour faire accepter le voile à l’école ». Les élèves voilées étudient toute l’année, sans passer l’examen. « Nous demandons aux autorités, renchérit Laouratou, de laisses les filles voilées composer en toute tranquillité et en toute sérénité. »

Se retrouver dans des débats d’accoutrement à quelques jours de l’examen n’est pas sans conséquence, selon la coordinatrice du collectif On ne touche pas à mon voile : « Cela peut causer des troubles, empêcher la concentration et, pire, l’abandon de l’école. Ce qui constituerait un échec pour les autorités en matière d’éducation et de scolarisation de la jeune fille. Dans ce cas, elles auront failli à leur mission ».

Le voile, source de fraude ?

Au nombre des arguments brandis pour interdire le voile dans la salle d’examen, figure la lutte contre la fraude. « C’est aux autorités de prendre leur disposition afin de démasquer les tricheurs, répond Laouratou Diallo. Qu’ils cherchent des personnes qui vont contrôler, comme tous les autres. On a vu des candidats qui ont caché des documents dans les pantalons, les chaussures, les perruques, les soutiens gorges… Sans qu’on ne demande à personne d’ôter son pantalon ou son soutien-gorge pour avoir accès dans une salle d’examen. Par justice, on doit également laisser nos sœurs composer avec leurs voiles. Si une candidate voilée triche, qu’on l’élimine en sa qualité de candidate et non d’élève voilée.»

Comment identifier une candidate voilée ?

Les autorités éducatives campent sur leurs positions. Interrogé sur la question, le chargé de communication du ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Mamadi Sidiki Camara, rappelle que la mesure n’est pas nouvelle. « Le débat est pratiquement engagé chaque année, mais c’est une question de principe. Nos règlements sont au-dessus de tous. Tout le monde doit respecter les principes qui régissent le déroulement des examens nationaux ».

Avant l’arrivée de l’actuel ministre Guillaume Hawing, ses prédécesseurs avaient reçu le collectif à plusieurs reprises. Mais le problème du port du voile intégral demeure toujours entier. Il empêche l’identification de la candidate. « Comment comparer un visage à la photo sur la fiche de composition sans le voir ? Derrière le voile se cache-t-il un homme qui compose à la place de la candidate et vice-versa ? Ou un grand frère qui vient passer l’examen de son petit-frère ? Autant de questions que le port du voile intégral pose. »

Le département assure le collectif On ne touche pas à mon voile que la mesure d’interdiction n’a pas de visée discriminatoire et qu’elle ne dure que le temps des examens. Sera-t-il entendu ?

Kadiatou Diallo