Le procès des présumés «fossoyeurs de l’économie nationale » sous l’Alphagouvernance a repris ce 1er juin, à la Cour de répression des infractions économiques et financières, CRIEF. Pour l’audience de ce mercredi, Fodé Cissé, ex-dirlo de la Caisse nationale de prévoyance sociale et son informaticien étaient à la barre.
Il aura finalement fait long feu à la tête de la Caisse nationale de prévoyance sociale. Porté à la tête de cette structure par le Prési de la transition, le colonel Mamadi Doum-bouillant, Faux-dé Cissé a été débarqué début mai dernier à cause d’un fort soupçon de détournement qui pesait sur lui. Dans la foulée,il a été traduit, avec son coaccusé, Fodé Sirikahata Bangoura, devant la CRIEF, pour répondre des accusations de «Détournement de deniers publics et complicité ». Des faits prévus et punis par les articles 19, 20, 764 et suivants du Code pénard guinéen.
Fodé Cissé est accusé d’avoir détourné la misère de 1 305 531 594 francs glissants, en transférant vers Nzérékoré une liste de près de 1 300 pensionnés, sous prétexte de vérification. A la barre ce 1er juin, il rejette l’accusation.
Dès l’ouverture de l’audience, les avocats de la défense ont dénoncé ce qu’ils appellent les manquements flagrants qui ont caractérisé la procédure. A commencer par la manière par laquelle leurs clients ont été cueillis par les sévices de la Gendarmerie : «Nos clients n’ont jamais reçu de convocation, ils ont reçu un appel téléphonique leur demandant de se rendre à la Direction centrale des investigations judiciaires. Ils y ont été retenus pendant 12 jours, en violation des règles de la procédure », rappelle un des conseils des prévenus. Les avocats ont également soulevé une exception de nullité à propos du procès-verbal d’interrogatoire numéro 58 de leurs clients, établi en leur absence: « Le procès-verbal obtenu le 29 avril n’est pas régulier, parce que nos clients n’ont pas été assistés par des avocats. Quand la direction des investigations s’est rendu compte de ses erreurs, elle a repris les interrogatoires le 4 mai. Le délai de garde à vue a été violé, nos clients ont été gardés pendant deux semaines. Nous vous prions d’écarter ce procès-verbal obtenu dans de telles conditions. » Une demande que le parquet spécial juge sans objet: « Le souci primordial du parquet est que tout procès entamé ici soit équitable. Mais la défense n’a pas montré la preuve d’une observation écrite, attirant l’attention de la Cour sur ces irrégularités. Lorsqu’un officier de police judiciaire viole le droit de garde à vue, il revient à la défense de le poursuivre », rétorque le représentant du ministère public, Lazare Mamady Bauret.
Et le substitut du pro-crieur, Moustapha Mariama Diallo d’ajouter que la défense «verse dans le dilatoire, parce que les informations obtenues à l’enquête préliminaire ne sont utilisées qu’à titre de renseignements, l’instruction définitive c’est à la barre ».
Me Justin Tambada Tolno, avocat de l’Agent judiciaire de l’Etat, abonde dans le même sens : «La défense aurait agi autrement si leurs clients étaient à Coronthie (Maison centrale, ndlr). Ils s’attachent à ce PV du 29 avril, parce qu’ils veulent tirer cette procédure en longueur. Écartez leurs arguments purement et simplement. Et nous vous prions d’ouvrir les débats de fond ! »
Le président de la Cour, Alhassane Mabinty Camara, a finalement mis en délibéré cette exception de nullité pour décision être rendue le 15 juin prochain.
Yacine Diallo