Dans le procès contre Monsieur Aboubacar Soumah, le Président du Tribunal de première instance de Mafanco, un jeune magistrat, a rendu une décision qui a dû surprendre plus d’un observateur. En effet, en raison de la promptitude avec laquelle le parquet de ce Tribunal s’est mis en branle, beaucoup craignaient le pire pour l’ancien député. Mais le juge Souleymane Traoré a renvoyé le ministère public à ses chères études, en ne suivant pas ses réquisitions.
C’est une preuve supplémentaire qu’il existe dans ce pays des juges qui ont une haute conscience de leur mission, même s’ils ne font pas de bruit.
C’est pourquoi, en critiquant la justice, il faut faire la part des choses en ne confondant pas les procureurs et les juges. Les premiers relèvent du ministre de la Justice et sont soumis, entre autres, au principe de la subordination ou de la hiérarchie ; les seconds rendent la justice en disant le droit. Tant que les juges jugent en n’étant soumis qu’à la loi et à leur conscience, les citoyens sont sécurisés sur le plan judiciaire, en dépit des actions des procureurs. Le citoyen a plus à « craindre » un juge qu’un procureur. Ce dernier n’est qu’un « demandeur », pour faire simple. Il n’obtient pas toujours ce qu’il demande au juge.
Me Mohamed Traoré