Mory Con(.)dé avait conduit un dialogue fourre-tout, qu’il avait proclamé inclusif en comptant le nombre des partis et structures de la société civile autour de la table. Ses conclusions rejetées, le dialogue est aujourd’hui repris. Il serait vital de regrouper les participants par courant, position, obédience…

C’est l’éternelle pomme de discorde dans les dialogues politiques de ces derniers temps en Guinée…Les grands partis, forts de leur assise politique, croient dur comme fer qu’il faut faire avec eux ; les petites formations dont le nombre de militants se résume souvent à la famille du leader, fortes de leur agrément, clament que tout le monde est égal. Quand les premiers font la chaise vide, les seconds comblent le vide. Lorsque tous les deux sont présents, la situation devient ingérable, leurs positions et intérêts n’étant jamais convergents.

Hétéroclite est la famille politique guinéenne : les uns s’opposent au pouvoir, les autres s’opposent à leurs pairs de l’opposition. Une opposition dans l’opposition qui profite au pouvoir qui, souvent, l’alimente et l’entretient. Conséquence : lorsque le dialogue finit par s’ouvrir, il trime tant à concilier la classe politique entre elle qu’à rapprocher les positions de cette dernière d’avec celles du pouvoir.

Le résultat de notre laxisme

A qui la faute ? Le laxisme à nous tous ? En Guinée, n’importe qui prétend à être leader politique, patron de presse…Les règles pour créer et entretenir un parti politique, une ONG, un syndicat ou un organe de presse (pour ne citer que ceux-là) ne sont pas rigoureuses, ni respectées à la lettre. Quand les autorités administratives refusent d’agréer ou suspendent l’agrément de ces structures, les motivations sont d’ordinaire plus politiques que légales. Finalement, chaque entité a son parti, son journal, son ONG, son syndicat…qui deviennent, non pas ce qu’ils ont vocation à devenir, mais des lobbies mus par leurs intérêts ou par ceux de leurs parrains.

Dialogue inclusif ou évasif ?

Au nom de l’inclusion, Mory Con(.)dé avait conduit un dialogue fourre-tout. Il l’avait proclamé inclusif par le nombre de partis et de structures de la société civile autour de la table. Ses conclusions furent rejetées, le dialogue est aujourd’hui repris sous la houlette du PM Mohamed Béant. Mais les habitudes ont l’avis dur. Chacun veut parler. Et le nombre d’intervenants est élevé. Bonjour l’anarchie !

En pareil cas, il est vital de regrouper les participants par courant, position, obédience… D’où l’inclusion dont se gargarisent le CNRD et le gouvernement, pour ouvrir la porte du dialogue même à ceux qui n’ont rien à dire, peut tenir non du nombre de participants mais de la diversité des opinions. Avec Dansa Courroux-mât à la tête du CNT, l’on ne devrait pas se tromper sur la position du Conseil national des organisations de la société civile (Cnosc) que tient aujourd’hui Gabriel Haba, son secrétaire exécutif. De même que le Bloc libéral de Faya Mini-mono et l’UDRG d’Amadéus Oury Bah, désormais sur la même longueur d’onde que le CNRD. A l’inverse, le FNDC partage souvent la position de l’UFDG et celle de l’UFR, entre autres. Pour dialoguer, que ceux qui partagent la même position, par exemple sur la durée de la transition, restent d’un côté, face à ceux qui ont un avis différent.

Il faut s’accorder avec le con(.)frère chroniqueur de Djoma médias, Lamine Mognouma Cissé, que le cadre du dialogue « doit être mieux organisé, mieux structuré, sérieux et aseptisé de toute volonté rétrograde qui a toujours prévalu. Par conséquent, les acteurs doivent être regroupés selon les préoccupations de chacun et les positions déjà connues ».

L’ancien PM sous la transition CNDadis, Kabiné Komara, n’a pas manqué de sonner l’alerte sur les antennes de France 24 : « Il est essentiel que les Guinéens sachent raison garder. La communauté internationale est fatiguée de nous. Elle s’est tellement désespérée de nous qu’il faut que ce nouveau départ soit le dernier pour qu’il n’y ait plus une transition en Guinée. Pour cela, il faut que chacun mette le pays au-dessus de tout. J’appelle à chacun à travers cette phrase de Hampâté Bah : « Il y a votre vérité, il y a ma vérité et il y a la vérité qui est entre nous deux ». Il faut faire preuve de flexibilité pour arriver à une entente. La bonne foi doit prévaloir. Chacun doit avoir à l’esprit qu’il faut sauver la Guinée. Cela suppose qu’il faut mettre de côté les égos. Je crois que la population guinéenne a besoin d’une certaine accalmie, qu’il n’y ait pas d’émoi ». Pourvu que ces paroles tombent dans des bonnes oreilles.

Diawo Labboyah