Le 5 juillet au quartier Gomboya, dans la sous-préfecture de Manéah (Coyah), une candidate recalée au BEPC session 2022 s’est donnée la mort par pendaison. Sokhona Sy Savané, 17 ans, était élève en classe de 10ème année au Groupe scolaire ‘’Nan Sira’’. Elle a mis fin à ses jours pour n’avoir pas décroché le Brevet d’études du premier cycle, BEPC, pour la deuxième fois.
Sous le choc, Mariam Camara, sa mère, nous a narré les circonstances du drame : «Quand elle a appris que les résultats du BEPC sont publiés, elle est allée chercher un transfert MTN, pour vérifier si elle est admise, mais elle n’avait pas eu de transfert. Elle m’a dit qu’elle va attendre le lendemain matin pour aller à son école. Ses camarades l’appelaient de gauche à droite, pour savoir si elle était admise ou pas, mais elle ne répondait pas aux appels. Comme je savais qu’elle était drépanocytaire et que dès qu’elle s’énervait, elle faisait des crises, je lui ai retiré de sitôt son téléphone. En se couchant, je lui ai proposé de dormir avec moi, mais elle a préféré passer la nuit dans sa chambre. Et toute la nuit, je partais dans sa chambre pour m’enquérir si elle dormait ou pas, parce que je l’ai vue anxieuse. Et je trouvais toujours qu’elle dormait. Quand nous nous sommes réveillés le matin, on a déjeuné ensemble, ensuite elle s’est couchée encore. Son frère aîné l’a suivi pour lui demander : ‘’Tu comptes rester toute la journée dans ta chambre aujourd’hui ?’’ Elle a répondu : ‘’Laisse-moi tranquille !’’ Dès que son frère est sorti, elle a fermé la porte à clé, sans qu’on ne le sache. J’ai ensuite demandé à mon neveu qui vit avec nous de m’envoyer mon huile pour le corps, afin que je l’applique pour me rendre au marché de Km 36, faire des achats, parce que demain jeudi, je devais partir au village pour la fête. Et le petit neveu m’a dit que sa sœur Sokhona avait pris mon huile. Je lui ai alors dit d’aller la chercher dans sa chambre, il tape à la porte, mais elle ne répondait pas. Il revient me dire que la porte est fermée, j’y vais aussi, je tape à la porte, j’appelle à maintes reprises Sokhona, mais elle ne répondait toujours pas. Son frère fait la même chose, en vain. On appelle une voisine qui est très d’accord avec elle. Quand elle est arrivée, elle l’a appelé, mais elle ne réagissait toujours pas. Son silence me terrorisait, j’ai demandé de l’aide à un menuisier qui est venu casser la serrure de sa porte. C’est après cela qu’on l’a vue pendue, avec son foulard. J’ai dénoué le foulard autour de son cou, mais c’était déjà trop tard, puisqu’elle ne respirait plus. A partir de là, je ne savais quoi faire», explique Mariam Camara, en sanglot. Elle ajoute : «Je m’en remets à la volonté divine. C’est aussi son destin, mais je préférerais qu’elle ne me lâche pas comme ça. Sokhona est ma seule et unique fille, il ne me reste maintenant que ses deux frères, elle qui était la benjamine».
Avait-t-elle menacé de se suicider si elle ne décrochait pas son BEPC ? Sa maman affirme : «Elle ne l’a dit à personne et depuis que les résultats sont sortis, son téléphone ne faisait que sonner. Ses camarades l’appelaient de partout, pour savoir si elle a envoyé un message à MTN, elle ne voulait même pas. Quand elle décrochait, elle ne disait rien. C’est après cette réaction que je lui ai tout de suite retiré son téléphone… Ma fille aimait les études. Pour preuves, elle n’a jamais voulu porter ses habits de fête du Ramadan passé, elle disait qu’elle voudrait connaitre son résultat avant de les porter. Elle se disait : «Coûte que coûte, je dois décrocher mon BEPC avant de les porter. Elle est morte sans les avoir portés », renchérit la mère en larmes.
Thierno Hassane Diallo, camarade de classe de Sokhona, dit avoir échangé avec elle et n’avoir constaté aucune dépression. «Lorsque j’ai su que je ne suis pas admis, j’ai écrit à Sokhona, elle m’a dit qu’elle aussi a échoué. Je lui ai dit d’être sereine et de prendre le courage, afin d’être prête pour l’année prochaine. Entendre qu’elle s’est donnée la mort me surprend. Je suis dépassée et sans mot», témoigne-t-il.
Aux dernières nouvelles, Sokhona Sy Savané a été inhumée le même jour, dans la soirée, au cimetière de Gomboyah.
Kadiatou Diallo