L’indignation suscitée par l’arrestation brutale des leaders du FNDC est loin de retomber. Le Procureur général près la Cour d’appel de Cona-cris a beau chercher à justifier les humiliations infligées à Oumar Sylla dit Foniké Menguè, Mamadou Billo Bah et Djanii Alfa, il n’en reste pas moins qu’il continue à faire l’objet de critiques acerbes. Les praticiens du droit sont presque unanimes : Alphonse Charles Wright et ses hommes n’avaient pas besoin de l’utilisation de toute cette force. Après l’ancien bâtonnier, maitre Mohamed Traoré, c’est au tour de Me Pépé Antoine Lama de balayer l’argument du procureur général selon lequel il n’avait pas besoin d’émettre des convocations, à partir du moment où le dossier a été orienté en flagrance : « En matière d’exécution, des décisions ou des instructions dans le cadre d’un flagrant délit, on doit procéder au strict respect de la loi. Ce n’est pas parce que vous avez choisi d’opter pour la flagrance que vous allez fouler au sol les droits fondamentaux des personnes mises en cause. Même une personne condamnée ne méritait pas l’humiliation dont a été l’objet Oumar Sylla alias Foniké Menguè. La flagrance n’exclut pas l’émission des convocations. »

L’avocat dit clairement qu’il est contre la façon par laquelle le Parquet général gère la procédure : « Le procureur général a droit de donner des instructions aux parquets d’instance, mais cela ne veut pas dire qu’il doit se substituer aux procureurs. Nous avons l’impression que le procureur général donne les instructions et les exécute lui-même. C’est un problème… Qu’est-ce qui justifiait cette descente sur les lieux ? Ces mis en cause sont des personnes publiques, acteurs de la société civile. Je ne vois pas pour quel intérêt ils peuvent se soustraire à une poursuite, ou la dangerosité qu’ils incarnent au point de faire une descente musclée. La mesure a été disproportionnée ».

Charles Wright poursuit Foniké Menguè, entre autres, pour outrage à magistrat. Une ‘’infraction’’ qui fait suite aux critiques que ce dernier assène contre le parquet général. Pour Me Pépé Antoine Lama, cela est discutable : « Ma lecture est différente de celle de monsieur Charles Wright… Je considère que le parquet, tel que conçu dans le système judiciaire français, ne relève pas de l’autorité judiciaire. L’autorité judiciaire implique des garanties d’indépendance ; or le parquet, de par sa fonction, son statut, est soumis à une subordination organique au gouvernement. Il n’est pas indépendant comme la magistrature assise. L’outrage à magistrat est aménagé pour protéger ceux-là qui jugent, contre les injures, les diffamations… les propos qui peuvent porter atteinte à leur honneur ou à leur dignité».

Les trois responsables du FNDC sont en détention depuis le 5 juillet. Ils ont été cueillis dans leur siège alors qu’ils animaient une conférence de stress. Depuis, colère, indignation et manifestations ont gagné la cité.

Yacine Diallo