«Demba, l’étoile filante du Bembeya, roman», est le titre de l’ouvrage écrit par Yamoussa Sidibé, en 2021, paru à la maison d’édition L’Harmatan-Guinée. L’œuvre a inspiré Walaoulou Bilivogui.

Natif d’un petit village loma de la préfecture de Beyla, j’ai fait toutes mes études primaires et secondaires à Beyla-centre. L’orchestre Bembeya jazz a été créé dans cette ville par feu Emile Condé, gouverneur d’alors (nous dirions aujourd’hui préfet). Je fréquentais le collège, et, comme tous les jeunes de mon âge, j’étais un fan de Bembeya, particulièrement de son chanteur Aboubacar Demba Camara.

Etant fils du terroir, il va de soi que tout ce qui touche Beyla ne m’est étranger. C’est donc avec une curiosité manifeste que j’ai cherché à lire ce roman de Yamoussa Sidibé.

Avant d’ouvrir le livre, je me remémore comment Beyla bouillonnait de ferveur juvénile autour des soirées dansantes des samedis soirs. La ville était devenue un pôle d’attraction pour la jeunesse des préfectures voisines même de celle de Guéckédou avec son célèbre orchestre le Kembindo jazz. Beaucoup de mes camarades et moi-même fréquentions la permanence où jouait le Bembeya, et faute d’arborer la tenue exigée (veste/cravate) et de payer le billet d’entrée, nous nous contentions de nous trémousser à l’alentour de la permanence ou admirions par les persiennes les danseurs dans la salle. Je revois encore Demba et certains de ses amis venir prendre leurs pots de vin de palme dans l’une ou l’autre concession des forestiers.

Mais mon admiration pour Demba et le Bembeya ne s’est pas estompée avec le temps, loin s’en faut. Je continue de savourer leurs morceaux qui bercent encore mes 73 ans. Ce n’est pas pour rien que j’ai enregistré tous les grands succès de l’orchestre sur une carte-mémoire, un véritable trésor pour la vie.

C’est avec bonheur que j’ai parcouru «Demba, l’étoile filante du Bembeya». Yamoussa Sidibé me fait redécouvrir la star d’hier qui s’en est allée hélas, à la fleur de l’âge. Si la valeur d’une vie ne se résume pas au nombre d’années vécues, on peut raisonnablement dire que Demba a pleinement vécu sa vie. Il a laissé à la Guinée, à l’Afrique, un leg immense d’émotions et d’art. Je dis merci et grand merci à M. Sidibé de m’avoir révélé ce que j’ignorai, la vie amoureuse et vivante de l’artiste.

Walaoulou Bilivogui