Pour protester contre la gestion unilatérale de la transition, le FNDC avait appelé à une marche pacifique et citoyenne le 28 juillet dernier dans le Grand-Conakry. La manif avait été interdite par la junte militaire au pouvoir. S’en sont suivis des accrochages entre manifestants et farces de l’ordre. Bilan : au moins cinq personnes tuées, selon le parquet général près la Cour d’appel de Conakry. Ce dernier qui avait averti de poursuivre en justice les organisateurs, a mis sa menace à exécution. Le parquet général a ordonné l’interpellation d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè, Ibrahima Diallo du Front et de Saïkou Yaya Barry, du parti UFR.
Incarcéré dans des conditions peu orthodoxes dans la nuit du 30 juillet, Fonikè Menguè, le coordinateur national du FNDC se porterait de plus en plus mal. Ses avocats ont saisi le doyen des juges d’instruction pour solliciter son évacuation dans une structure sanitaire adéquate pour un diagnostic exhaustif : « Nous avons adressé un courrier au doyen des juges pour qu’il puisse autoriser des visites médicales externes avec bien évidemment la couverture du service de santé de la Maison centrale, afin qu’il puisse passer tous les examens médicaux très approfondis, avec des appareils sophistiqués dans les centres hospitaliers de la place ou au besoin dans les cliniques. Le tout, pour qu’on puisse situer l’origine ou bien le mal en tant que tel, afin qu’il ait un traitement approprié. Cette correspondance a été déposée au niveau du doyen des juges d’instruction. Nous attendons incessamment la réponse, parce que le mal persiste, les douleurs persistent. Nous souhaitons une réponse rapide autorisant l’infirmerie à conduire immédiatement notre client pour des examens et traitement appropriés », explique maitre Salifou Béavogui, un des avocats de ces détenus. Selon lui, la maladie empêcherait Foniké Menguè de dormir : « Oumar Sylla se tord de douleurs en prison. Il a de fortes douleurs au niveau des reins, au niveau de ses membres supérieurs et inférieurs, au niveau de tout son corps. Il ne dort pas la nuit. Son état de santé s’est fortement dégradé ». Me Béa est formel : les maux de Foniké Menguè tirent leur origine dans « les conditions brutales et violentes d’arrestation dont il a été victime pendant deux fois. Les images insoutenables montrant sa première arrestation (5 juillet Ndlr), traîné à même le sol pendant plusieurs minutes et cela sur une longue distance, puis embarqué comme un colis pour être envoyé à la police avant d’être jugé et libéré sans infractions. Et, la dernière fois, il a été arrêté manu militari, nuitamment et conduit à la DIJ (Direction des investigations judiciaires, ndlr). Tout cela prouve que son état de santé est très grave».
Yacine Diallo