Inculpé et placé sous mandat de dépôt avec Amadou Damaro Camara, dans la nuit du 28 avril, Louncény Camara, ancien ministre et ancien président de la CENI, est mort en détention le 20 août. Un véritable imbroglio pour la CRIEF et la junte militaire.

Louncény Camara, tout comme d’autres anciens dignitaires du régime déchu, était écroué à la Maison centrale pour «détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment des capitaux». Il était soupçonné par la Cour de répression des infractions économiques et financières d’avoir détourné, avec l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, 15 milliards de francs guinéens consacrés à la construction du siège de l’Assemblé nationale. Louncény Camara a finalement rendu l’âme au CHU Ignace Deen dans la soirée du 20 août, où il était alité. Il a été victime d’un accident vasculaire cérébral le 18 août. Depuis l’annonce du décès, c’est une sorte de bras de fer qui s’est engagée entre la famille du défunt et le parquet spécial près la CRIEF. Les proches parents de Louncény Camara ne digèrent pas le fait que la justice ne lui ait pas permis d’aller se faire soigner à l’étranger : « La famille et les avocats ont tout fait, ils (le parquet spécial près la CRIEF, ndlr) n’ont rien voulu entendre. Sa demande d’évacuation a été rejetée, toutes ses demandes de mise en liberté ont été rejetées», explique un de ses frères.

Selon la famille, le parquet spécial près la CRIEF savait Louncény Camara très malade : « Il a été admis dès le 5 mai à Ignace Deen (soit 5 jours seulement après son emprisonnement Ndlr) Il a passé ses trois mois de détention à faire des va-et-vient entre la Maison centrale et l’hôpital ».

Le corps a été remis à la famille pour enterrement. Mais avant, elle dit avoir des exigences : « Ils disent qu’il a détourné de l’argent, c’est pourquoi il a été emprisonné. Nous voulons connaitre le montant exact et le payer, avant de l’enterrer dignement ». On parle de 20 millions de francs guinéens que Louncény Camara devrait à l’Etat guinéen. Problème, la CRIEF ne voudrait entendre parler d’un quelconque remboursement : « Ils nous disent qu’il ne leur doit plus rien désormais, qu’on peut l’enterrer sans problème. C’est ce que nous ne comprenons pas. On ne peut pas l’emprisonner, le laisser mourir et revenir dire qu’il ne doit plus rien. Il faut qu’on nous dise ce qu’il devait à la CRIEF », affirme un de ses proches.

Face à la polémique, le ministre de la Justice se défend. Dans un communiqué, il affirme que l’ancien président de la CENI est décédé d’un arrêt cardio-respiratoire. Le garde des Sceaux se contente de rappeler que le défunt était hospitalisé depuis le 2 mai dernier, suite à une requête de ses avocats.

Louncény Camara pourrait être inhumé le vendredi 26 août, à Macenta, sa ville natale. Agé de 62 ans, il laisse derrière lui, une veuve et quatre enfants.

Yacine Diallo