Le gouvernement de la transition a organisé mercredi 24 août une grande cérémonie pour présenter le rapport des assises nationales qu’il vient d’organiser. La cérémonie a été présidée par le chef de la Junte au pouvoir depuis le 5 septembre 2021. Les recommandations de ce rapport ont été présentées par l’Archevêque de Conakry, qui avait à ses côtés le premier iman de la mosquée Fayçal. On notait également la présence des membres du gouvernement de la transition, ceux des institutions républicaines ainsi que les diplomates accrédités en Guinée.
Les recommandations, issues de ces assises nationales, laissent la majorité des Guinéens sceptiques. Nombre d’observateurs estiment qu’aussi longtemps que ces rencontres dites de conférence nationale, réconciliation nationale, consultation nationale ou encore assises nationales auront un objectif inavoué, elles ne seront qu’un coup d’épée dans l’océan. Sous le règne d’Alpha Condé, une commission provisoire de réconciliation nationale avait été mise en place. Celle-ci a rendu un rapport provisoire. Lequel a été mis dans les tiroirs.
Au lieu de mettre en œuvre ce rapport, qui a coûté du temps et de l’argent à des Guinéens et non des moindres, le professeur-président, pour s’octroyer un troisième mandat, chargea son Premier ministre de mener une consultation nationale. La fin justifiant les moyens, le panel fut rigoureusement sélectionné. Il fallait demander l’avis de ceux qui jouissaient des avantages et des privilèges du pouvoir s’il fallait continuer à jouir de ces délices ou devenir ce qu’ils sont devenus depuis le 5 septembre dernier. Le résultat de cette consultation fut à la hauteur de l’espoir du sortant qui ne voulait pas sortir. Le grand docteur chargé de la consultation annonça que ceux qui ont fait l’objet de consultation étaient favorable à 100% pour la nouvelle constitution devant aboutir à ce que le pouvoir d’alors qualifiait de premier mandat de la quatrième République. La suite on la connait.
Apparemment, le tombeur du professeur préfère faire table-rase de ces différentes commissions. Il préfère sa consultation à lui. L’objectif pourrait être double : les nouveaux avis prendront en compte la volonté du nouveau palais. Et les organisateurs savent que de telles activités nécessitent toujours un budget colossal. Et qui dit budget dit toujours une possibilité d’arrondir les fins des mois de certains fonctionnaires. Ou plus exactement remplir les poches et les comptes. Les deux chefs religieux sont de nouveau sollicités pour être une caution morale aux assises du colonel.
Le prélat et l’iman semblent avoir renvoyé la demande d’application de leurs premières recommandations aux calendes grecques. Il faut se conformer. Et confirmer son caractère de guinéen, capable de s’adapter et de s’accommoder à toutes les situations. Puisque le rapport provisoire a été soigneusement gardé par Alpha Condé, et que ce dernier n’est plus aux affaires, ce rapport est probablement, quasi sûrement caduc. Désormais, il faut faire la promotion du rapport commandité par le colonel. Même si les nouvelles recommandations reprennent certaines anciennes.
Seul problème, les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets. Car les nouvelles recommandations touchent un sujet sensible. Non seulement elles préconisent l’organisation de procès des crimes commis ces dernières années mais aussi – et cela pose problème- ceux de derniers mois. Faire la lumière sur les événements douloureux de janvier et février 2007 pourrait toucher certains intouchables. Pareil pour les massacres du 28 septembre 2009. A plus forte raison lorgner sur les toutes dernières victimes consécutives aux manifestations organisées par le FNDC à Conakry. C’est autant dire que ces procès pourraient se tenir le 31 février prochain. Bref, la grande messe du mercredi dernier ne devrait en aucun cas être différente de toutes les précédentes.
Habib Yembéring Diallo