Le 27 août, à la faveur de l’assemblée générale de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) à Conakry, le leader Cellou Dalein Diallo, en vidéoconférence depuis Dakar, a fustigé violences et tueries à Ratoma.
L’Axe de la Démocratie continue de souffrir le martyre. Les riverains pansent au quotidien leurs anciennes et nouvelles plaies, caressant stigmates, subis sous Alpha Condé et sous Mamadi Doumbouya. Les manifestations politiques, sociales et syndicales depuis 2010, réprimées par l’Etat, emportent des jeunes âmes, blessent et interpellent parents, embastillent frères, gaspillent biens publics et privés.
Cellou Dalein Diallo, leader de l’UFDG, a exhorté la junte à mettre un terme aux violations des droits humains à Ratoma, son fief, abrit des QG et siège de son parti. Le 27 août, à la faveur de l’assemblée générale du parti, vidéoconférence depuis Dakar. Cellou Dalein Diallo a fustigé : «Il y a encore huit corps dans les morgues de nos établissements hospitaliers qui attendent d’être enterrés. Ils ont été abattus, certains, en exerçant un droit démocratique universel, celui de manifester ; d’autres étaient dans leurs propres domiciles. J’adresse à leurs familles mes condoléances et je prie le Tout-Puissant Allah de les accueillir dans son paradis éternel.»
Depuis 2010, plusieurs cas de violences et de violations des droits humains ont été perpétrés par les forces de défense et de sécurité dans la commune de Ratoma. Cellou Dalein Diallo estime à plus de 250 morts, dont la plupart âgés de moins 20 ans. A l’en croire, les victimes «n’ont pas encore eu droit à la justice». Quand-même, il y a eu un cas, ne serait-ce que du ‘’semblant’’ : le capitaine Kaly Diallo, officier de police, avait été condamné en février 2019 à dix ans de réclusion criminelle par le tribunal de Dixinn, pour le ‘’meurtre’’ de Thierno Hamidou Diallo. Mais, le colonel a été acquitté, pour absence de preuve, par la Cour d’Appel de Conakry, en avril 2021.
«On abat les citoyens»
Toutefois, le leader politique constate que «les violences meurtrières persistent avec la même impunité. Nous constatons que la Guinée continue de reculer sur le plan des droits humains, de la démocratie, de l’unité nationale. Quand il y a des violences dans une autre commune, on épargne la vie des manifestants. Quand il s’agit de la commune de Ratoma, on abat les citoyens. Nous ne voulons pas que ces tueries s’étendent sur d’autres communes, nous voulons qu’elles cessent partout à Ratoma. Pourquoi depuis le cas de mort enregistré lors des manifestations contre l’augmentation du carburant, on n’entend personne ? La justice devient muette, ce n’est pas bon. Le premier droit de l’homme est le droit à la justice. Il faut rendre justice aux victimes. Il faut que leurs proches sachent la vérité.»
Retour au bercail
Hors du pays depuis avril dernier, Cellou Dalein Diallo, qui traîne des démêlées avec la justice, qui dit rentrer bientôt : «Nous nous battons pour l’instauration de la démocratie et l’État de droit. Je voudrais encore une fois vous renouveler mon engagement pour les causes nobles, au risque de ma vie (…) Je viendrai bientôt, je sais que vous êtes prêts à m’accueillir. Cela ne tardera pas, Incha Allah ». La Chambre de l’instruction de la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières) l’attendait le 15 juillet dernier. Cellou Dalein Diallo est soupçonné par la justice des faits présumés de détournement de deniers publics, corruption d’agents publics et enrichissement illicite, dans la vente d’un avion de la compagnie Air Guinée. Pour Cellou Dalein Diallo, la junte «fait de la classe politique ses adversaires en agissant pour le renouvellement soi-disant de la classe politique. En instrumentalisant la justice pour spolier des anciens politiciens, les arrêter, les harceler judiciairement. Certains sont détenus, d’autres en exil, leurs biens, confisqués.»
Yaya Doumbouya