Même si l’espoir de sortir de taule avant un procès s’amenuise, la visite du ministre de la Justice et des droits de l’homme, Charles Wright, le 29 août à la Maison centrale de Conakry réconforte les anciens dignitaires du régime déchu, actuellement en prison. Leurs différentes demandes de mise en liberté ont jusque-là échoué. Seul sorti du lot, Albert Damantang Camara, ex-ministre de la Sécurité, embastillé en avril dernier, libéré provisoirement, le 10 août, à la suite d’un arrêt de la Cour suprême.

Derrière les barreaux depuis cinq mois, Kassory et Cie, via leur pool d’avocats, ont fait des pieds et des mains pour arracher une liberté provisoire auprès de la Cour de répression des infractions économiques et financières. En vain !

Le 29 août, le ministre de la Justice et des droits de l’homme, a débarqué à la Maison centrale de Conakry, où il a échangé avec des détenus, notamment les anciens dignitaires du régime. Démarche populiste ou souci du respect des droits humains ? Allez savoir ! Hormis ces prisonniers jugés ‘’politiques’’, le ministre a rencontré d’autres détenus, notamment une cinquantaine de femmes.

Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre, Amadou Damaro Camara, ex-président de l’Assemblée nationale, Mohamed Diané, ex-ministre de la Défense, Ibrahima Kourouma, ex- ministre de la Ville, Oyé Guilavogui, ex-ministre de l’Environnement et Souleymane Traoré, ex-directeur du Fonds d’entretien routier, ont plaidé pour l’ouverture de leur procès. Lassés d’attendre à défaut d’une mise en liberté provisoire, ils souhaitent un procès dans un «délai raisonnable». Ils sont poursuivis par la CRIEF pour ‘’corruption, détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux’’, sous le règne d’Alpha Condé.  

Au terme de sa visite, Charles Wright a déclaré que Kassory et Cie lui ont exprimé leurs préoccupations, parmi lesquelles, la tenue de leur procès. A leur adresse, le ministre de la Justice et des droits humains rappelle que sa mission est d’assurer que leurs droits soient respectés et c’est ce qui a été fait jusqu’à présent. Ils ont droit à un avocat. Aujourd’hui, ils ne sont pas privés de leur droit d’avoir des soins et autres. Je les ai rassurés que le département de la justice ouvre ses portes à toute revendication qui va dans le sens de la protection de leurs droits».

Charles Wright soutient que la rencontre avec les anciens dignitaires est sincère et les messages ont été aussi clairs, de part et d’autre. «On ne peut pas quand-même, quel que soient nos griefs contre un magistrat, tenir des propos de nature à atteindre l’autorité judiciaire. Je ne l’accepterai pas. Je dois me battre pour la protection des droits humains, car ils supposent aussi le respect de la loi. Ce que beaucoup ne comprennent pas », conclut-il.

Yaya Doumbouya