Le 5 septembre, les partisans du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) ont manifesté dans le Grand-Conakry pour réclamer un dialogue inclusif et un retour rapide à l’ordre constitutionnel. A la fin de la journée marquée d’affrontements, de violences et d’arrestations, organisateurs et gouvernement font le bilan.
Le ministère de la Sécurité et de la protection civile a noté plusieurs échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre sur la route Leprince : Hamdallaye-Pharmacie, Gnariwada, Koloma-marché, Wanindara et Sonfonia-rails. Son porte-parole, le commandant Mory Kaba, admet que « la circulation était morose sur l’axe, boutiques et magasins sont restés fermés par endroit.»
Une dizaine de blessés
Le bilan provisoire fait état de dix blessés, dont quatre grièvement : sept gendarmes, trois policiers, tous admis en soins intensifs au service de santé des armées. « Des véhicules des forces de l’ordre ont été endommagés par les manifestants. On signale aussi la perte d’un lance-grenade Cougar et d’un Talkie-Walkie, emportés par les manifestants. Plusieurs autres manifestants ont été interpellés pour troubles à l’ordre public», annonce le ministère.
De son côté, le Front national, à l’origine de la manifestation, estime que plusieurs citoyens et militants pro-démocratie « ont massivement répondu, à leur manière » à la manifestation. «Malgré l’achat des consciences par le CNRD à coup d’argent public, le FNDC a été ragaillardi par le sursaut patriotique des citoyens et militants pro-démocratie dans toute la circonscription du Grand-Conakry», s’est réjoui le comité d’organisation, dans une déclaration. Il affirme que le combat pour «la rectification de la transition avance en dépit de toutes les persécutions judiciaires et extrajudiciaires des leaders sociaux et politiques.»
Le FNDC déplore des blessés par balle
Le Front dénonce «l’utilisation par le CNRD et son gouvernement de l’armée» contre la population civile qui exerce un droit consacré par la Charte de la transition et tous les traités régionaux et internationaux ratifiés par la Guinée. «Ils ont entrepris des actions solitaires et prenant des décisions clivantes. L’usage des armes de guerre à des fins de maintien d’ordre par les forces de défense et de sécurité doit interpeller tous les pays qui ont repris ou envisagent de reprendre leur coopération militaire avec un pouvoir illégitime et répressif », fustige le Front.
En outre, le FNDC regrette nombreux cas de «blessés par balles», des actes de vandalisme, d’incursions dans des domiciles privés et de confiscations des biens matériels par les Forces de défense et de sécurité. Sékou Koundouno, le responsable de stratégie et de planification du FNDC, invité de FIM FM, le 6 septembre, précisé : «Il y a eu près de douze blessés par balles dont deux cas graves, quarante-deux arrestations, des actes de vandalisme perpétrés par le BATA à Cosa, des actes d’incursion perpétrés par des unités de l’Eco (Escadron mobile de gendarmerie) 4, 5 et 6 ainsi que la CMIS (Compagnie mobile d’intervention de sécurité) 4. Des actes de confiscation de biens matériels : motos et téléphones à Sonfonia, Bomboli et Gnariwada». Pour lui, l’heure n’est pas à la pose, car il faudrait «intensifier la cadence afin de neutraliser les assoiffés du pouvoir».
Le FNDC demande l’ouverture d’une enquête internationale, sous l’égide des Nations unies pour élucider tous «les crimes commis par le CNRD et son gouvernement.» Il réitère aussi son appel «incessant à l’ouverture d’un cadre de dialogue sincère et inclusif pour un retour imminent à l’ordre constitutionnel après un an d’arrogance, de tâtonnements et de mépris envers le peuple de Guinée ».
Yaya Doumbouya