Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) cherche-t-il à asseoir son pouvoir ? A tour de bras, la junte a entrepris de remplacer les exécutifs communaux dont le mandat n’est pas encore arrivé à terme.

Après la dissolution de douze exécutifs communaux ces dernières semaines, le colonel Mamadi Doumbouya a pris un décret, le 5 septembre, pour dissoudre 17 autres. Il s’agit de la commune urbaine de Kérouané et celle rurale de Damaro ; la commune urbaine de Dinguiraye, la commune rurale de Noléma (Dabola), celle rurale de Dogomet (Dabola), la commune urbaine de Guékédou, de Kouroussa, celle rurale de Fadousaba (Kouroussa), la commune urbaine de Dalaba, la commune rurale de Garambé (Labé), la commune urbaine de Mali, la commune rurale de Kalan (Labé), celles rurales de Wonkifon et Manéah (Coyah), de Wassou (Dubréka), de Allasoyah (Forécariah) et de Benty, dans la préfecture de Forécariah. Le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation est chargé par le colonel Doumouya de les remplacer par des délégations spéciales pour « la continuité des affaires des collectivités dissoutes ».

Mainmise sur le pouvoir décentralisé

 Officiellement, la junte accuse les responsables de ces collectivités de s’être rendus coupables de malversations financières. Ce qui n’est, à ce stade, pas confirmé par une décision de judiciaire. Tout semble indiquer que le CNRD cherche à mettre main sur des collectivités gérées, en majorité, par des membres des partis politiques hostiles à la junte. Leurs maires écartés sont pour la plupart issus du RPG arc-en-ciel et de l’UFDG.

Bien des exécutifs communaux concernés n’ont fait l’objet ni d’inspection ni d’une quelconque enquête prouvant le détournement allégué de deniers publics. « Je n’ai jamais été contacté par une autorité pour une quelconque enquête. C’est à la télé que j’ai appris que j’ai détourné de l’argent. Cela n’est pas vrai ! J’espère juste que j’aurai l’occasion de laver mon honneur », déclare un maire déchu qui a requis l’anonymat.

Le MATD, chargé de mettre en place les délégations spéciales, est le même département qui s’arrose les prérogatives d’organiser les élections. Il se murmure que Mory Condé et Dansa Kourouma chercheraient  à placer leurs hommes de main issus soient du CNOSC ou de l’ONG AGIL. Agile stratégie !

Yacine Diallo