Selon certaines informations, les relations entre Istanbul et Conakry traverseraient une véritable zone de turbulence. En cause, le nouvel hôte guinéen de la Turquie. Les nouvelles autorités guinéennes réclameraient le retour au pays de l’ancien président dont elles redoutent la capacité de nuisance à l’étranger. Et cela, depuis qu’un journaliste, connu pour sa partialité quand il s’agit de l’ancien chef de l’Etat guinéen, a publié un article concernant ce dernier.
Visiblement, si l’objectif de François Soudan de Jeune Afrique était de susciter la peur au palais Mohamed V, il aura largement atteint cet objectif. L’article de celui qui s’est transformé en véritable chargé de communication d’Alpha Condé la décennie écoulée, a causé plus d’une insomnie à Conakry où les nouveaux maitres du pays ne savent plus à quel saint se vouer. Car même Toto sait que si un putschiste réclame le retour au pays de celui qu’il a renversé, cela ne s’appelle plus retour, mais extradition.
Or on voit mal le président turc extrader son vieil ami dans son pays où, malgré les déclarations de bonnes intentions sur le sort qui serait réservé à l’ancien président, ce dernier risque gros. Pour Alpha Condé comme pour tous les observateurs, l’arrestation et la détention de ses anciens principaux lieutenants- dont un est déjà mort en prison- ne rasure personne. Ce sont d’ailleurs les mêmes raisons que les proches de Cellou Dalein Diallo invoquent pour justifier le séjour prolongé à l’étranger du président de l’UFDG. Les partisans de celui-ci estiment que si le pouvoir est capable de démolir sa maison avant toute décision de justice, le même pourvoir peut lui faire subir le pire traitement.
C’est autant dire que si l’objectif de la junte au pouvoir à Conakry était au départ d’éloigner tous ceux qui sont géants, elle est bien servie. Le trio Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré se trouve à l’étranger. Chacun avec ses moyens, ses relations et sa stratégie se bat contre le nouveau pouvoir. Si celui-ci redoute moins les deux derniers, elle se rend compte subitement que le premier, malgré l’âge et le coup subi il y a un an, pourrait avoir un pouvoir de nuisance foudroyant.
Par le passé, l’homme, dépourvu de moyens financiers, contrairement à aujourd’hui, a donné du fil à retordre aux différents régimes. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il est logiquement et suffisamment nanti qu’il va rester inactif. Surtout qu’avec les autres, il ne voulait que leur place. Désormais il estime que cette place est la sienne dont quelqu’un d’autre s’est accaparé par la force. Ainsi, si son état de santé le lui permet, il ne faut pas s’attendre à ce qu’Alpha croise les bras pour pleurnicher sur son sort. Cela ne lui ressemble guère. Estimant avoir été mordu par la dent qu’il a soignée, il va tenter d’extraire purement et simplement celle-ci.
L’homme possède un carnet d’adresses bien garni. Aussi bien en Afrique, en Europe qu’en Amérique. Un autre vieil ami à lui pourrait revenir aux affaires au Brésil. Sans compter les médias, comme Jeune Afrique, complétement acquis à sa cause. Bref, bousculée de l’intérieur comme de l’extérieur, la junte montre déjà sa frilosité en exprimant un vœu pieu. Le retour d’Alpha Condé est désormais une gageure. La seule chose qui puisse jouer contre le vieil homme est la nature. Car comme dit un adage populaire de chez nous «il y a trois choses qui sont éphémères : un temps ensoleillé en plein mois d’août, un cadeau offert par un bébé et la bonne santé d’un nonagénaire ».
Habib Yembering Diallo