À l’occasion de l’ouverture du procès des massacres du 28 septembre 2009 à Conakry, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et des organisations de défense des droits humains ont animé une conférence de presse conjointe le mercredi 28 septembre, dans un réceptif de la place. Objectif, faire le point et livrer leur impression sur la première journée du procès. Avocats de la partie civile, l’Organisation guinéenne des droits humains et du citoyen (OGDH), le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), et l’Association des victimes, parents et amis (AVIPA) étaient de la partie.

D’entrée, Mabassa Fall, représentant permanent de la FIDH auprès de l’Union Africaine explique qu’avec l’ouverture de ce procès dans le bled, la Guinée envoie un message fort dans le monde. Pour lui, « que l’on ait des justices fortes en Afrique et que l’on puisse juger un de nos anciens présidents à la maison, est une avancée significative. C’est quelque chose de nouveau qui est envoyé au monde entier. Dans un souci de transparence, c’est une première en terre guinéenne et africaine qu’un procès de cette ampleur ait lieu avec une telle médiatisation ».

Mabassa Fall salue l’aboutissement d’une démarche à du concret et trouve logique que la Guinée profonde, l’Afrique et le reste du monde aient une opinion et soient informés sur ce procès. « En tant que Fédération internationale des droits de l’homme, nous sommes sur ce dossier depuis de nombreuses années, il y a eu un grand accompagnement, juridique, psychologique, social, assuré par la FIDH et ses organisations. Nous ne pouvons que saluer l’ouverture de ce procès. Nous avons la satisfaction de voir des présumés criminels devant les juridictions dont un ancien Président de la République ».

Avocat de la partie civile et coordinateur du Groupe d’action judiciaire à Conakry, Me Alpha Amadou DS Bah affirme que «voir Moussa Dadis Camara et ses compagnons d’alors sur le banc des accusés, est un rêve qui se réalise. C’est quelque chose que nous attendions depuis 13 ans». Cependant, vu qu’ils sont toujours présumés innocents, l’avocat pense qu’il «faut continuer à fournir plus d’efforts, mettre toutes les chances de nos côtés, et préparer les victimes à témoigner ».

L’espoir et l’application de la loi pénale

Le procès est renvoyé au 4 octobre prochain, Me Amadou y voit une opportunité pour la partie civile, car elle n’a pas encore eu accès à l’intégralité du dossier. Il explique que ce délai va être mis à profit pour lui permettre de se préparer davantage. Pour lui, le plus important, c’est l’ouverture du procès à la date indiquée « même si à cette allure, avec la grande agitation des avocats de la défense qui se font remarquer, le procès risque de prendre assez de temps ».

Mme Asmaou Diallo, la présidente de l’AVIPA où 700 victimes ont été enregistrées, n’a pas caché sa satisfaction. Selon elle, c’est un ouf de soulagement et elle garde espoir pour une issue satisfaisante. El Hadj Souleymane Bah, président de l’OGDH, pour sa part, croit que leurs objectifs seront atteints à l’issue du procès et avec la victoire.

À la question de savoir si l’espoir est permis pour les victimes dans cette affaire, l’avocat Martin Pradel répond : « Si le procès qui était impossible hier est ouvert aujourd’hui, ce que l’espoir est présent. Nous sommes très optimistes, même si ça ne veut pas dire que tout va bien se passer, car le procès ne fait que s’ouvrir, mais maintenant, ce qu’il faut, c’est de suivre la procédure et d’exiger l’application de la loi pénale. Si elle s’applique en Guinée dans cette affaire, l’impunité, on en parlera au passé et ceux qui auront cru dans ce procès, auront eu raison. Mais avant, retenez que ce procès, c’est avant tout un combat ».

Abdoulaye Bah