Un activiste des droits humains est emprisonné depuis 18 jours en Guinée équatoriale pour avoir porté assistance à des militants assiégés ayant essuyé ensuite un assaut meurtrier de la police contre le siège de leur parti d’opposition, ont annoncé jeudi à l’AFP son avocat, son épouse et une ONG.
Sollicité par l’AFP sur son sort, le ministère de la Justice a refusé de commenter l’information, dans ce petit pays hispanophone d’Afrique centrale au régime parmi les plus fermés et autoritaires au monde. Le pays est dirigé par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui détient, avec plus de 43 années, le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat encore vivant, hors monarchies.
Anacleto Micha Nlang, cofondateur de Guinea Tambien es Nuestra (La Guinée est aussi à nous), une association de défense des droits humains interdite par le pouvoir, dont la plupart des cadres vivent en exil en Espagne notamment, a été arrêté le 25 septembre en revenant du local du parti Citoyens pour l’Innovation (CI). Il venait d’y apporter des vivres aux familles assiégées, dont des femmes et des enfants, ont expliqué à l’AFP son épouse, Montserrat Mikue, et son avocat Evaristo Nguema Elo.
A un peu plus d’un mois des élections présidentielle, législatives et municipales, les autorités ont multiplié ces dernières semaines les arrestations, dont certaines justifiées dans les médias d’Etat par un « complot déjoué » de l’opposition pour commettre des attentats contre des ambassades, des stations d’essence et les domiciles de ministres.
Le 30 septembre, après plus d’une semaine de siège, les forces de sécurité avaient donné l’assaut au domicile de Gabriel Nse Obiang, leader de CI, qui servait aussi de bureau au parti interdit depuis 2018.
L’attaque avait fait cinq morts, un policier et quatre militants selon Malabo, des dizaines de blessés et plus de 150 personnes avaient été arrêtées parmi les 200 qui y campaient, dont M. Nse Obiang.
Les autorités avaient dit avoir donné l’assaut pour s’emparer du chef de CI qui refusait de se rendre à une convocation de justice dans le cadre de l’enquête sur le « complot ».
Anacleto Micha Nlang était détenu au commissariat central de Malabo avant d’être transféré, le 11 octobre, à la prison de Black Beach, également dans la capitale, ont assuré à l’AFP son avocat et Somos+ Sociedad Civil, une autre ONG équato-guinéenne de défense des droits humains.
« Il a été transféré dans la pire prison du monde, Black Beach », écrit dans un communiqué Somos+, qui dénonce une « politique de la terreur » et appelle « le régime à modérer le harcèlement qu’il fait subir à une population totalement sans défense et pacifique ».