A l’avènement du CNRD, les nouvelles autorités, très volontaristes, avaient promis de mettre fin à plusieurs fléaux qui gangrènent la société guinéenne, dont les tracasseries policières. Le ministre de la Sécurité et de la protection civile avait annoncé avec tambour et trompette rompre définitivement avec le passé. Touchant les tracasseries dont sont victimes les usagers de la route, il avait invité les éventuelles victimes à signaler les abus et autres rackets commis par les policiers. Une mesure saluée partout, par tous.

Dans les jours qui ont suivi, des policiers indélicats ont même été filmés en flagrant délit de racket. Suivi d’une promesse du département de la Sécurité de sanctionner les auteurs. Faisant le dos rond, les flics se sont conformés aux injonctions de la hiérarchie pour quelques jours. Décision pérenne ou feu de paille ?

La trêve pour les usagers aura été de courte durée. Les policiers se sont rendu compte qu’il s’agissait de la deuxième hypothèse. Il n’aura fallu que quelques jours pour que les tracasseries reprennent de plus belle. Pire, de nouveaux acteurs entrent en jeu. Avec notamment le déploiement de la police de maintien d’ordre dans la circulation. La CMIS, dont le rôle est tout sauf celui de réguler la circulation, est désormais déployée sur plusieurs axes routiers. Ces policiers, traditionnellement chargés du maintien d’ordre, s’en donnent à cœur joie.

En maints endroits de la capitale, surtout la haute banlieue, ces policiers s’occupent plus d’arrondir leur fin de mois que de réguler la circulation. A titre d’exemple, au carrefour Cimenterie, tristement célèbre pour ses embouteillages monstres, certains chauffeurs empruntent la bretelle pour éviter les bouchons. Mais les policiers érigent un barrage de fortune, pour passer, il faut payer la fameuse « levée de barrage ».

Même tarif, au rond-point de la T7, pour contourner les bouchons, des chauffeurs prennent la bretelle en sens interdit pour reprendre le rond-point. Là, des policiers veillent au grain, qui veut passer, laisse « le prix de la kola ». On assiste souvent à des altercations entre policiers et automobilistes.

Mais le spectacle le plus ahurissant est celui auquel les motocyclistes sont confrontés. Dans de nombreux carrefours et ronds-points de la capitale, policiers et motocyclistes jouent au chat et à la souris. Au prix souvent de violences entraînant accidents. Les policiers, au lieu réclamer les papiers, commettent souvent des abus, allant jusqu’à s’emparer la clé de la moto.

A tout le moins, le ministère de la Sécurité doit revoir sa copie. Jamais, la situation n’a atteint les proportions actuelles. Il est urgent de mettre fin à ces agissements qui risquent d’entrainer une révolte. Comme dit l’adage, à vouloir traquer le canard, on peut tomber sur l’audacieux.

Habib Yembering Diallo