Le procès lié au massacre du 28 septembre 2009 à Conakry s’est poursuivi ce 9 novembre, devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à Kaloum.
Troisième journée de comparution du capitaine Cécé Raphaël Haba, ex-garde de corps d’un commandant Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba, aide de camp de l’ex-Président Moussa Dadis Camara.
Au même titre que Toumba, Cécé Raphaël Haba est poursuivi pour meurtres, assassinats, pillages, coups et blessures volontaires, tortures, enlèvements, attente à la pudeur, violences sexuelles, séquestrations, entre autres. Ces violences et violations des droits humains avaient été perpétrées au Stade du 28 septembre et ses alentours en 2009, ainsi que dans plusieurs autres endroits dans les jours ayant suivi le meeting réprimé dans le sang.
La défense qui ne tarit pas de questions, reste divisée face l’accusé Céce Raphaël Haba, le pasteur de la Maison centrale de Coronthie. Chaque avocat manœuvre pour sauver la tête de son client, tout en cherchant à enfoncer le pasteur qui a confirmé en bonne partie les propos du commandant Toumba. Celui-ci a décrit l’ex-Président Moussa Dadis Camara comme le « noyau » des événements du Stade du 28 septembre et que son neveu, Marcel Guilavogui, aurait confessé à Toumba, sa présence au Stade le 28 septembre 2009, menant une troupe.
Me Lanciné Sylla, avocat de Toumba, pour mieux disculper Cécé Raphaël Haba, revient en charge sur l’épisode de l’ex-camp Koundara, actuel camp Makambo. Il accuse l’ex-Président d’avoir fait irruption au camp, avec des pick-up armés, avant de s’en prendre à Toumba. «Voulant désarmer celui-ci, Tomba s’est défendu en tirant sur Dadis », confirme Cécé Raphaël Haba, pour qui, Moussa Dadis Camara aurait dû agir autrement.
En clair, Me Sylla décharge son client Toumba, décharge aussi Cécé Raphaël Haba, tout en chargeant le Président Moussa Dadis Camara. Me Paul Yomba Kourouma, l’autre avocat de Toumba Diakité, estime que Cécé Raphaël Haba est victime de l’attention qu’il accordait à Toumba.
Me Salifou Béavogui, avocat de Marcel Guilavogui, n’est pas convaincu que Cécé Haba soit en famille, le jour du massacre au Stade. « Vous dites que votre femme était enceinte et malade. Mais rien ne prouve qu’elle était malade, non ? » L’accusé de répond que le carnet de maternité de sa femme a été remis au juge d’instruction. Et de préciser que son absence dans les rangs et aux côtés de Toumba le 28 septembre 2009 se justifie par une autorisation d’absence obtenue auprès de celui-ci. Me Béavogui persiste et accuse Cécé Raphaël Haba d’être de connivence avec Toumba, pour former un bloc contre son client Marcel Guilavogui qui, à la barre, a rejeté toutes les accusations portées contre lui, niant surtout avoir été au Stade, le 28 septembre 2009.
« Eh ! Marcel…», s’étonnait Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba à la barre, la semaine dernière. Sûr que des surprises, il en reste dans ce procès.
Yaya Doumbouya