Le 10 novembre à Conakry, a eu lieu la cérémonie de remise des prix de la troisième édition du prix littéraire Williams Sassine, organisée par le Centre International de Recherche et de Documentation (CIRD). La cérémonie s’est déroulée dans un réceptif du quartier Camayenne, dans la Commune de Dixinn. Au total, 4 personnes ont remporté le prix. Le 1er est remporté par GUSCIONI Jonathan Raymond Guido de la France pour le titre de sa nouvelle intitulée Coïncidences. Il empoche 1 000 dollars. Le 2ème prix est revenu à Souleymane Kadiatou Sylla de la Guinée, pour son texte L’héritier des griots. En plus du trophée, il obtient la somme de 800 dollars. Tala Fotie Maxime du Cameroun a reçu le 3ème prix pour sa nouvelle Chemin de non-retour, le prix est accompagné de la somme de 600 dollars et le 4ème prix et dernier prix est revenu à Ahmed Bah, Guinéen vivant en France, il gagne 400 dollars pour son titre : Les étoiles son immortelles.

Le prix littéraire Williams Sassine est un concours biennal international qui a pour but d’inciter les jeunes à la lecture et l’écriture, valoriser la littérature et rendre hommage aux écrivains. Parrainée par Tierno Monénembo, la présente édition est un hommage à feu Pr Djibril Tamsir Niane, a souligné Amadou Oury Diallo, directeur exécutif du CIRD. Selon lui, cette année le concours a enregistré 107 candidatures dont 69 venues de 20 pays étrangers dont l’un de la Polynésie Française. Pour l’ensemble des trois éditions, il y a eu 12 lauréats. « Le prix littéraire Williams Sassine est devenu planétaire après seulement trois éditions. Le CIRD entend le maintenir et le qualifier avec bien sûr, votre soutien et vos appuis. Dans une compétition, il faut certes un gagnant, sinon j’aurais dit et j’emprunte ces mots aux membres du comité de lecture que les 107 nouvelles sont toutes de grande qualité. J’en profite pour féliciter tous les participants car, et vous conviendrez avec moi, que dans un tel exercice, il n’y a pas de perdants, il n’y a que des gagnants », a indiqué le directeur exécutif du CIRD.

Souleymane Kadiatou Sylla, 2è lauréat avec l’écrivain et ancien ministre des Affaires étrangères, Lamine Camara dit Kapi

La joie d’un lauréat

Souleymane Kadiatou Sylla, 2ème lauréat, a remercié le CIRD d’avoir eu l’initiative d’organiser un tel concours. Avant de rappeler que le patrimoine a été au fil des siècles infesté des émotions, d’omissions, de soustraction et beaucoup d’additions, parce que les récits des cours royales étaient détenus par des griots et ces griots se transmettaient ces informations de père en fils. « Je dis bravo à l’écrivain africain qui, au prix de sa vie, cherche à conserver la partie sincère de notre histoire sans émotion comme on le faisait avant. Maintenant n’est pas héritier culturel qui le veut. On ne naît pas griot comme avant. Maintenant, il faudrait un engagement ». Il en a pour l’exemple, le livre du Pr Djibril Tmasir Niane qui a mieux expliqué l’histoire africaine, plus que la personne qui est issue d’une famille de griot. « Je dédie ce prix à tous ces jeunes qui se battent pour faire rayonner la culture, précisément la littérature guinéenne. Ce n’est pas facile, mais on peut le faire. Nos aînés ont déjà défriché le chemin : Camara Laye, Djibril Tamsir Niane, Tierno Monénembo. Nous jeunes, nous pensons qu’il faut beaucoup de moyens pour écrire alors qu’on peut, même si c’est une nuit, prendre la plume et faire quelque chose. A notre plus grande surprise, il suffit qu’un jeune Guinéen fasse une petite œuvre pour que cela prenne de l’ampleur à l’international. Je suis plein d’émotion, parce que ce prix dépasse mon entendement. Parce que sa dimension est vraiment grande. J’ai commencé à écrire depuis 2014, j’ai reçu beaucoup de prix, mais celui-ci je pense que c’est une consécration. Ce n’est pas mes efforts que je vais remercier, mais aux personnes qui ont initié ce prix en Guinée et que ça prenne de l’ampleur à l’international ».

Témoignages

A cette cérémonie, ont participé de nombreuses personnalités notamment, des écrivains, des partenaires au développement, des ministères de la Culture et de l’Enseignement supérieur. Ils sont unanimes : la valorisation de la culture, particulièrement la littérature est primordiale, pour promouvoir l’éducation et le développement. Dr Facinet Conté, Secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur a indiqué que malgré les efforts, la lecture ne se porte pas mieux en Guinée. Il a promis au CIRD que le ministère de l’Enseignement supérieur se tiendra à ses côtés. Parce que « cette institution participe au rayonnement de la culture guinéenne » et fait en sorte que « la lecture revienne dans les institutions d’enseignements supérieurs ».

 Vincent Martin, Coordinateur-Résident du système des Nations Unies en Guinée dit avoir connu la Guinée à travers le livre Le Roi du Kahel de Tierno Monénembo, avant de fouler le sol du pays. D’où sa définition de la culture et de la littérature comme étant la vitrine d’une civilisation d’une nation.  « Quand je suis arrivé ici grâce à mon ami Sansy Kaba Diakité qui m’a ouvert à de plus grands espaces que sont la littérature guinéenne, je ne la connaissais pas aussi riche, aussi créative. Je ne connaissais pas tous ses auteurs et donc j’ai pris le temps et le plaisir de lire des choses diverses et variées, notamment sur la politique, sur votre histoire. Parce que j’avais besoin de comprendre la culture dans laquelle je venais de m’insérer. Quand on a des positions de diplomate, d’ambassadeur, représentant des Nations Unies, c’est extrêmement important de connaitre la culture, de la découvrir à travers ses auteurs qui permettent de la faire connaître en Guinée et à l’international. C’est extrêmement important pas seulement pour les Guinéens, mais aussi à tous ceux qui cherchent à contribuer au développement du pays et à mieux la comprendre et la faire rayonner au niveau international ».

Diallo Souleymane, fondateur et Administrateur général du Groupe de presse Lynx-Lance, lelynx.net

Souleymane Diallo, fondateur et administrateur général du Groupe de presse Lynx-Lance a rendu un hommage à Djibril Tamsir Niane pour son humilité qui avait accepté qu’il soit son ami. Il a rendu également un hommage appuyé à Williams Sassine, créateur et animateur de la célèbre rubrique Chronique Assassine qui résiste au temps, malgré la disparition de son géniteur.

Williams Sassine Junior, petit-fils et homonyme du défunt Sassine, a, au nom de la famille, remercié le CIRD qui a créé le Prix qui perpétue et diffuse au-delà des frontières le nom de nom de son grand-père.

Ibn Adama