Le moins que l’on puisse dire est que le CNRD a opéré une rupture radicale avec le passé. Notamment en termes de lutte contre l’impunité érigée en système de gouvernance ces dernières années. Ainsi, à la place du mot Refondation, dont les partisans de la junte usent et abusent, il aurait fallu parler de Rectification. Le colonel est en train de rectifier l’œuvre, combien nuisible et préjudiciable de ses prédécesseurs.
Considéré comme le seul monsieur mains entièrement propres de la classe politique de son temps, Alpha Condé était censé faire hier ce que Mamadi Doumbouya est en train de faire aujourd’hui. C’était sans compter son accointance avec les caciques du régime de son prédécesseur ou encore ses calculs politiques.
Très vite, les cadres de l’administration plutôt anxieux au départ sur leur avenir, réalisent qu’entre Conté et Condé, c’était du bonnet blanc et blanc bonnet. Du coup, ils continuent à confondre les caisses de l’État et leurs poches. Ce contre quoi le chef de la junte veut lutter. Jamais par le passé l’Administration guinéenne n’a été secouée comme elle l’est aujourd’hui.
Coup sur coup, le ministre des Travaux publics et des infrastructures ainsi que plusieurs de ses cadres ont été démis de leurs fonctions. Suivra immédiatement le cas de Siguiri où le préfet et nombre de sous-préfets sont suspendus et trainés devant la justice. Pour boucler la boucle, certains cadres du service bourses extérieures du ministère de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle sont dans l’œil du cyclone. Soupçonnés qu’ils sont de falsification de noms de bénéficiaires de bourses.
Devant cette cascade de suspensions, de limogeages et de poursuites judiciaires, c’est désormais la psychose dans l’administration. Chacun attend son tour. Inutile de dire que dans un tel contexte, la délation et les règlements de comptes feront légion. L’occasion sera opportune pour écarter un concurrent géant.
Dans cette tempête administrative en cours, il ne faut pas voir un verre à moitié vide seulement. Même s’il est vrai que certaines sanctions peuvent paraître disproportionnées au regard de la faute commise. Comme ce fut le cas du préfet de Siguiri remplacé par celui qui vient de subir le même sort. Le seul tort du premier était d’avoir coupé les cheveux d’un élève pendant les examens de fin d’années. Le second aurait délivré des ordres de missions à des ressortissants chinois qui détruisent l’environnement dans la région de la Haute Guinée.
Ces fautes, comparées à d’autres, sont à la limite tolérables. Il y a quelques années, la ville de Boké avait été secouée par un séisme consécutif aux activités d’une société chinoise sur l’environnement. Lorsque, inquiets, gouverneurs et préfets, se sont rendus sur le terrain pour demander des comptes aux Chinois, ces derniers les avaient renvoyés comme des malpropres. Leur disant qu’ils n’avaient que deux interlocuteurs dans ce pays ; Alpha Condé et Ibrahima Kassory Fofana.
Pour la sanction infligée aux administrateurs territoriaux de la Haute-Guinée, il faut espérer que les autorités ne feront pas deux poids deux mesures entre cette région et les autres, particulièrement Boké et Gaoual où la situation est déplorable. Autant il faut protéger Mandiana et Siguiri, autant il faut le faire pour les autres régions du pays confrontées aux mêmes prédateurs de notre environnement. A la fois locaux et étrangers. Il faut noter que les agents forestiers déployés à l’intérieur du pays sont de véritables trafiquants de bois.
Quant à la falsification de noms de « boursiers du Maroc, il faut applaudir la décision du ministère concerné. Par le passé, cette pratique était monnaie courante. A plusieurs reprises, les bourses des méritants ont été vendues entre parents et meilleurs offrants.
Habib Yembering Diallo