Oumar Sylla dit Foniké Menguè et Ibrahima Diallo, respectivement Coordinateur et responsable des opérations du FNDC croupissent à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie depuis début août dernier. Ils sont emprisonnés pour avoir organisé fin juillet, une manifestation contre la gestion ‘’unilatérale’’ de la transition. Depuis, ces deux poids lourds du Front sont incarcérés sans aucune forme de procès.

Pire, La 2e Chambre de contrôle de l’instruction de la Cour d’Appel de Conakry a confirmé, le 25 novembre dernier, l’ordonnance de non-lieu partiel et de renvoi devant le Tribunal correctionnel de Dixinn. Foniké Menguè et ses coaccusés, inculpés de dix chefs d’accusation, feront désormais face à seulement trois chefs d’inculpation, tournant essentiellement autour de la complicité. Mais le procès peine à s’ouvrir, malgré toutes les démarches des avocats de la défense. Ces derniers sont balancés entre le TPI de Dixinn et la Cour d’appel, sans comprendre réellement pourquoi le procès de leurs clients n’est toujours pas programmé. Dans une déclaration, le collectif des avocats de ces détenus dénonce « vivement la lenteur de la procédure et exige l’ouverture immédiate du procès pour que justice soit rendue, conformément à la loi ».

Avant de sortir de leurs gongs, les avocats avaient entamé des démarches auprès du parquet général près la Cour d’appel de Coan-crime pour solliciter l’ouverture du procès. Mais leur courrier n’a reçu « aucune réponse, alors que Messieurs Oumar Sylla alias Foniké Mangué et Ibrahima Diallo croupissent en prison depuis le 1er août 2022, malgré le fait que le dossier de la procédure soit totalement vide. Pendant ce temps, ayant de justesse échappé au pire, l’honorable Saïkou Yaya Barry poursuit ses soins médicaux à l’extérieur ».

Les avocats ne comprennent pas pourquoi le tribunal correctionnel de Dixinn refuserait d’enrôler cette affaire depuis des mois, alors que les instructions sont closes depuis bien longtemps. De surcroit, aucun recours n’ayant été exercé contre l’arrêt de la 2ème Chambre de contrôle de l’instruction. Le dossier de la procédure a été « immédiatement retourné par le parquet général à Monsieur le Procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn pour jugement».

Le collectif rappelle le droit « à un procès juste et équitable, tenu dans un délai raisonnable dans lequel le droit de la défense est garanti et protégé» pour leurs clients, bien que ces derniers soient, selon les autorités de la transition et la justice, en « conflit avec la loi».

Le FNDC, mécontent de la façon dont la transition est gérée par le CNRD,  avait appelé à une manifestation le 28 juillet dernier. Une manif interdite par la junte. Des accrochages ont éclaté entre manifestants et farces de l’ordre ce jour-là et le lendemain. On a déploré au moins cinq morts et des dégâts matériels, dont la justice impute la responsabilité aux organisateurs de la manif. Foniké Menguè, Ibrahima Diallo et Saïkou Yaya Barry de l’UFR ont été nuitamment interpellés chez eux et conduits en prison. Les auteurs des meurtres des manifestants, eux, courent toujours.

Yacine Diallo