Mardi 13 décembre, 29ème jour du procès du massacre du 28 septembre 2009, deuxième  comparution de Moussa Dadis Camara, ancien président de la transition, à l’époque des faits.

La phase de questions-réponses a débuté par des questions du président du tribunal, Ibrahima Sory 2 Tounkara, qui a demandé la fonction et les attributions de l’accusé Dadisi. Celui-ci a répondu qu’il était le président de la transition, chef de l’Etat,  chef des forces armées, premier magistrat, il dit être celui qui coordonnait toutes les activités de l’Etat. Le président du tribunal demande de savoir s’il était au courant de l’organisation du meeting des Forces vives au stade du 28 septembre.  Oui,  répond Dadis qui précise qu’il a été informé à son départ pour Labé, le 26 septembre. Mais qu’il avait demandé aux leaders de reporter la date, compte tenu de l’importance qu’il  voulait lui accorder. «Mon objectif, c’était de faire le 28 septembre une date historique et que les nouvelles générations ne puissent pas penser autrement. Mais, je n’ai pas réussi à convaincre les leaders ». Faisant ainsi allusion à la conversation qu’il avait eue avec Sidya Touré, président de l’UFR qui lui avait dit qu’il « ne pouvait pas faire reporter la date de la manifestation ».

Après donc cette communication infructueuse, l’ancien président affirme qu’il s’est recouché, pour se réveiller vers 10h le 28 septembre, compte tenu de la fatigue due au voyage sur Labé. « C’est Makambo qui m’a réveillé, pour me dire que la manifestation a commencé. Quand il a dit, aussitôt je suis sorti pour dire que moi-même je vais me rendre au stade, parce que j’estimais que cette population avait de l’estime pour moi. Je vais parler aux leaders. C’est dans cette situation qu’Aboubacar Toumba Diakité est venu me dire de ne pas aller. Ils ne m’ont pas laissé aller dans mon véhicule, je suis retourné à mon bureau ».

Le président du tribunal a demandé à Moussa Dadis de citer quelques noms de personnes qui se sont rendus au stade.  L’ancien président de la junte CNDD ne pas vouloir compromettre qui que ce soit, il cite d’abord Aboubacar Toumba Diakité qu’il considère d’ailleurs comme principal auteur des crimes, avant de citer le nom de Moussa Tiegboro Camara qui lui aurait dit s’être rendu au stade, pour sensibiliser les leaders. Pour les autres, il n’en sait rien. Et le président du tribunal d’insister. Est-ce qu’on vous a dit que des bérets rouges étaient au stade ? Moussa Dadis Camara répond : « A ce niveau, lorsqu’il y a eu les massacres,  c’est en ce moment la presse, tout le monde disait des bérets rouges du président Dadis ; à la tête, son aide de camp, sont allés au stade ».

Vous n’avez pas cherché à savoir qui sont ces bérets rouges ? Enchaîne le président du tribunal. Le capitaine Moussa Dadis déclare que c’est le commandant Toumba qui est le principal acteur, qui est allé au stade sans ses instructions, sans son ordre. Il insiste qu’il n’a donné l’ordre à personne d’aller au stade.

Après les questions du président du Tribunal, le tour est revenu au Procureur Algassimou Diallo de poser des questions au capitaine Moussa Dadis Camara. Qu’est-ce qui a créé la brouille entre lui et les forces vives ? Sans hésiter, Moussa Dadis répond que c’est Alpha Condé qui a manipulé les autres leaders. «Comme Alpha Condé a compris que je n’étais pas manipulable, il a mis tout le monde en branle contre moi. » Est-ce que ce n’est pas parce vous aviez l’intention de vous présenter, vous avez d’ailleurs fait une déclaration dans ce sens à Boulbinet ? « C’est faux, c’est de la manipulation », rétorque l’ancien président de la transition.

Le procureur est revenu sur la disparition des corps, l’existence des fosses communes,  la réhabilitation du stade, les pillages. Moussa Dadis Camara affirme qu’il n’est au courant de rien, soutenant que ce sont les responsables des structures, comme le Stade ou encore des morgues qui peuvent répondre à certaines questions.

A force de trop parler, la voix de l’ancien président de la transition se perdait. A la demande de ses avocats, le président du tribunal a suspendu l’audience.

Ibn Adama