L’Hôtel cinq étoiles de Coronthie construit en période coloniale va être rénové « très bientôt », annonce, ce 15 décembre, Alphonse Charles, le Right, de la Justice et des Droits humains. La nouvelle tombe au lendemain de la visite de Mamadi Doum-bouillant, Prési de la Transition, au ministère de la Justice et des Droits humains.
«Le Président de la Transition a pris l’engagement de procéder à la rénovation totale de la Maison centrale de Conakry. Il estime que les questions des droits de l’Homme ont un lien particulier avec celles de détention. Cette grande opération n’est pas sans enjeux sécuritaire. Il faudrait que vous soyez très vigilants, préparés. Il y aura un bâtiment de R+2. Le Président tient à ce que les droits des détenus soient respectés», explique le ministre de la Justice Alphonse Charles Wright, à la faveur d’une visite aux détenus de la Maison centrale de Conakry, sise à Coronthie.
Le ministre a invité l’Administration pénitentiaire à prendre des dispositions, afin que les travaux commencent sous peu, que le montant du démarrage est payé. Il annonce aussi que dès mars 2023, les condamnés ne resteront plus au gnouf. Ils effectueront des travaux d’intérêt général, notamment champêtres. «Quelqu’un qui est chaque fois en milieu enfermé, on aura du mal à l’insérer dans la société. Ailleurs, les condamnés font des activités. Parmi les enfants détenus ici, il y a des écoliers. Mais depuis leur détention, ils ne suivent plus de cours. Le Président de la Transition a été très clair pour les enfants détenus : il faut qu’il y ait des programmes de formation et d’éducation (en leur faveur Ndlr). Un enfant, même s’il a tué, à l’interne (en prison), qu’est-ce que nous faisons pour lui ? Il va sortir de la prison et se retrouver en retard. Il faut que ces enfants puissent avoir la possibilité de passer l’examen ou le BEPC. Tout est à refaire dans ce pays», rappelle le ministre.
Vétuste et surpeuplé, l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie n’offre de bonnes conditions de détention et d’hygiène aux personnes en conflit avec la loi. Ces conditions ont été largement dénoncées par des ONG de défense de droits humains. Ces derniers mois, le gîte carcéral engouffre personnalités et célébrités : l’ancien Premier ministre, Ibrahima Cas-Sorry Fofana, l’ancien prési de l’Assemblée nationale monocolore, Amadou Dama-ronron Camara, l’ancien ministre de la Défense, Mohamed Diané, le coordinateur du FNDC, Foniké Mengué, l’ancien Prési de la Transition, capitaine El Dadis.
Dama-ronron, guéri
La santé d’Amadou Damaro Camara, en taule depuis avril dernier, n’a de cesse de se détériorer ces derniers temps. Mercredi 14 décembre, il a fait des vertiges. Il a été évacué au service cardiologie de l’hosto national Ignace-Deen. Vers la soirée, son état s’est stabilisé, il a été retourné à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, où Charles Wright l’a rencontré ce 15 décembre. «Il bénéficie de toute l’attention du département. Tous les frais médicaux sont pris en charge exclusivement par le ministère de la Justice et des Droits humains», affirme le ministre. Amadou Damaron-ron est poursuivi pour des faits présumés de détournement de deniers publics, attribution de marché gré-à-gré au sujet de la rénovation et de l’équipement des bureaux de l’Assemblée nationale, entre autres.
El Dadis retrouve sa voix
Alphonse Charles Wright a rencontré capitaine Moussa Dadis Camara, ancien Prési de la Transition 2008-2009. En détention depuis le 27 septembre dernier, El Dadis est poursuivi pour complicité de meurtre, séquestration, pillages, entre autres, dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. Le 13 décembre, au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum, il avait perdu la voix à la barre, face aux questions du tribunal et du parquet. L’audience a été renvoyée au 19 décembre. «Sa voix est revenue à la normale. Je crois que dès lundi 19 décembre, il va s’adonner aux questions des juges», a déclaré le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des droits humains.
Yaya Doumbouya