Pour avoir participé à une réunion publique fin novembre 2022, le Doux-rat Sano a été convoqué et trimballé en justice. Il s’en est sorti avec une relaxe. Un épisode loin de décourager l’ex coordinateur du FDNC, qui a soufflé sur la braise le 13 janvier, en réitérant sa volonté de peser de tout son poids, pour redresser la transition.

La junte ne badine plus avec les voix divergentes. Le Doux-rat Sano l’a appris à ses dépens. Le 4 janvier, il a été convoqué à la Direction centrale des investigations judiciaires, auditionné et déféré au parquet de Mafanco, le lendemain. Il a été inculpé pour «participation délictueuse à des réunions publiques», jugé et relaxé par le juge Souleymane 1 Traoré, pour « délit non constitué». L’ancien coordinateur du FNDC n’a pas chômé. A peine relaxé, il sort du bois. Il a tenu un poing presse au siège de la Plateforme des citoyens unis pour le développement (PCUD) pour, non seulement réaffirmer sa détermination à poursuivre sa lutte «citoyenne», mais aussi pour interpeller les autorités de la transition sur la situation sociopolitique du bled.

Abdourahmane Sano n’a pas boudé son plaisir quand il s’est agi de bavarder sur son acquittement qu’il qualifie « d’acte de haute portée sur les plans du respect des droits de l’Homme, de la dignité des Guinéens, de la cohésion et de la paix sociale». Mais il est sans équivoque : la lutte citoyenne à cause de laquelle il a été conduit devant le juge ne s’arrêtera pour rien au monde : «J’ai décidé de m’engager dans un idéal contraire, qui ne peut véritablement s’exprimer que par la prise de conscience de bénéfice de la citoyenneté. C’est pour cela que, pour moi, le plein exercice de la citoyenneté est une question de dignité. Le négocier, l’aliéner ou l’abandonner est un acte de lâcheté ». Selon lui, son engagement  au sein du CPR, vise à mettre fin à certains travers qui empêchent le bled de décoller : ce sont, entre autres, la division sociale, la démission de l’élite ou encore la mauvaise gouvernance qui amplifierait la prévarication.

Nouveau départ

Les nerfs sont toujours à vif entre un CNRD qui fonce la tête sur le guidon sur son calendrier dont le caractère occulte devient de plus en plus un secret de polichinelle et une frange importante de la classe politique et de la société civile. Ces derniers ont refusé de participer au dernier dialogue organisé à Cona-cris, parce que leurs préalables n’ont pas été pris en compte. Depuis, c’est le statu quo. Plus personne des deux camps ne veut bouger d’un iota. Doux-rat Sano interpelle les bidasses sur la nécessité de revoir la conduite de la transition : « Il devient urgent que chacun œuvre davantage et avec sincérité, à la consolidation de la cohésion nationale et de la paix, à commencer par les autorités militaires. Il y a un besoin évident de recadrage de la conduite de la transition pour créer de véritables conditions d’un vrai apaisement, d’une légitimité des actes, d’une fiabilité des acquis ».  

Au lieu d’exiger de connaître les motifs réels de son interpellation, Doux-rat Sano préfère éviter «d’alimenter les suppurations en ce moment difficile pour notre pays, d’autant que je reconnais à l’Etat le droit de renseignement et d’investigation dans les limites de la loi».

Apaiser la situation

L’ancien boss du FNDC a beau s’interroger sur ce qui aurait poussé les autorités à mettre main sur lui, il affirme lui-même ne pas être dupe. Il se sait craint et suivi de près, malgré sa distance avec le Front. Il invite les gouvernants à apaiser la situation : « J’exhorte les autorités à rendre leur liberté à tous ceux qui sont en détention en violation de leurs droits. Je les exhorte à un acte d’apaisement envers les acteurs sociaux en clandestinité et sous contrôle judiciaire et envers ceux qui sont en exil, dans le respect de la loi».

Yacine Diallo