Lundi 16 janvier, 36ème jour du procès du massacre du 28 septembre 2009,10ème passage à la barre de capitaine Moussa Dadis Camara, poursuivi pour, entre autres, complicité de meurtre, d’assassinat, viol, pillages, incendie volontaire. L’ancien putschiste fait face aux questions des avocats de sa défense qui tentent de le disculper ou du moins le décharger.
Visiblement très calme au début, l’accusé répondait par oui ou non, à la manière dont les questions sont posées. La stratégie de défense est d’imputer la responsabilité du massacre à Aboubacar Toumba Diakité, son ex aide de camp. Dadis réitère que son homme de confiance l’a trahi et le charge : «Puis que c’est lui seul qui a attiré mon attention, et selon les témoignages, c’est quand il est rentré dans le stade que les tirs ont commencé, je peux dire que c’est lui le responsable», répond Dadis à un de ses avocats. Il disculpe les autres coaccusés notamment Moussa Tiegboro Camara, Claude Pivi, affirmant d’ailleurs que ceux-ci l’ont servi loyalement. Dadis tient mordicus que comparaisse le général Sékouba Konaté. «Je ne comprends pas pourquoi il n’est pas à la barre ici. Mais je sais que c’est le système qui était là avant. Tout le monde était instrumentalisé. Ce n’était pas la justice. Ce n’est qu’à l’arrivée du Président Mamadi Doumbouya qu’on parle de justice ».
A une question de Maître Salifou Béavogui sur sa volonté de vouloir la justice, Dadis répond : « Puisque j’ai passé plus de 10 ans au Burkina, j’avais toute la latitude de rester là-bas et d’acquérir la nationalité et refuser de venir, mais comme j’ai le sens de la dignité et l’amour de la patrie, j’ai accepté de venir pour assumer ma responsabilité. D’ailleurs, quand je suis venu chez le procureur, je me suis constitué prisonnier sans problème ».
Parlant de Sékouba Konaté, son ancien ministre de la Défense, l’ancien président dit : « Il est lié à ces événements tout comme je suis lié à ces événements. J’étais le président et lui, il était la troisième personnalité, le ministre de la Défense. Je ne vois pas pourquoi il n’est pas là pour dire sa part de vérité ? C’est parce qu’il y avait un système qui l’a exclu de l’ordonnance de renvoi. »
Par rapport au camp Kaléya, Moussa Dadis Camara est catégorique : « Seul Sékouba Konaté peut répondre. C’est lui qui doit expliquer comment il a recruté. Je n’ai pas participé je n’ai pas donné d’ordre », a-t-il répondu.
Qu’est-ce que vous avez fait pour empêcher ce massacre ? Moussa Dadis a rappelé qu’il avait mis les religieux, les sages, les institutions Républicaines à contribution et « sur le plan politique, j’ai appelé l’un des leaders emblématique, Sidya Touré, pour demander de reporter la date. A l’impossible, nul n’est tenu. C’est indépendamment de ma volonté que ce massacre s’est passé. Comme tout être humain », répond Dadis Camara qui semble faire un aveu de la déliquescence de l’Etat sous son règne.
Ibn Adama