Il en est ainsi du fait du bradage de Syliphone, survenu en 1982. Cette institution qui fut créée à partir du label tempo, enregistré par Leo Sarkisian, le tout premier de la Guinée indépendante, avait pour fonction de capitaliser le patrimoine culturel du pays, lui appliquant une transcription moderne destinée à l’expression scénique contemporaine en vue de sa valorisation commerciale. Il en résultait une exploitation profitable dont le bénéfice, après rémunération salariale des artistes (des ballets et orchestres) était versé dans les caisses de l’État.
N’eut été ce bradage, les artistes guinéens auraient été les premiers, voire les seuls en Afrique dont une telle structure pouvait garantir à vie une existence décente, à l’abri du besoin, dans des cités ou villas construites sur les fonds générés par leurs œuvres commercialisées par Silyphone.
Aujourd’hui, non seulement la part bénéficiaire que l’État guinéen a prise jusqu’en 1982, avant le bradage de Syliphone, leur a échappée, mais aussi, les revenus engendrés par leurs ouvres encore commercialisées ne leur profitent pas. Le bradage de Syliphone, qui est l’œuvre de la « première République » est un crime économique certain et hautement préjudiciable, puisqu’il a entrainé la destruction d’un capital social, économique, culturel et national.
Bien plus grave que la liquidation par l’État, de l’entreprise déficitaire qu’était devenue Air Guinée, ce fut un crime contre la nation et sa culture. Parler de crime économique pour Air Guinée dans ce contexte revient à se plaindre d’une piqûre de moustique pendant que l’on est dans la gueule du crocodile.
Sidikiba Keita