L’affaire est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux. Mardi 17 janvier, des passagers guinéens dont des artistes à destination de Conakry, ont été violentés par des agents en service à l’aéroport Blaise Diagne de Dakar. L’acte a suscité une grande indignation en Guinée. Mercredi 18 janvier, le Ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens établis à l’Etranger, a promis des actions pour situer les responsabilités et porter secours à ses compatriotes.
Sur la toile, des témoignages et des images montrent l’artiste guinéenne Khady Diop, arrêtée et placée en détention à l’aéroport. Selon les infos, elle a été interpellée après avoir filmé une scène où un de ses compatriotes se faisait violenter par la police sénégalaise. Jointe au téléphone par www.africaguinee.com, elle explique sa mésaventure : «On est venus à l’aéroport à 13 heures. Nous étions censés décoller à 17h 15 avec Air Sénégal. On remarque un changement d’horaire d’abord à 18h15, puis 20h. On a voulu savoir ce qui se passait. On est sorti voir les gens de la compagnie, on nous a dit qu’il n’y a pas d’avion alors qu’il y a eu des vols de la compagnie à destination d’autres pays. Les agents nous ont dit de rentrer et de revenir à 1h du matin alors que le transport entre l’aéroport et Dakar varie entre 25 à 30 mille francs CFA et la compagnie ne prend pas ces frais en charge. Quand on a décidé de repartir à l’intérieur de l’aéroport, les policiers se sont jetés sur nous. Certains ont filmé la scène, ils se sont jetés sur eux et ont retiré leurs téléphones. Ils ont interpellé deux personnes», qu’ils (policiers) auraient même tabassés dans leurs bureaux.
Face à cette situation, le ministère guinéen des Affaires étrangères, à sa tête le ministre Morissanda Kouyaté, a décidé de jouer sur la diplomatie, pour régler l’incident à l’amiable avec son voisin sénégalaid. Le mercredi 18 janvier, sur sa page Facebook, le département a écrit : «C’est avec une vive émotion que nous avons vu les images de violences sur des Guinéens à l’aéroport de Dakar. Le gouvernement guinéen et son homologue sénégalais sont à pied d’œuvre pour situer les responsabilités et prendre en conséquence les mesures qui s’imposent». Il a promis ensuite que «toutes les Guinéennes et tous les Guinéens à l’extérieur sont et seront protégés par le gouvernement guinéen».
Les excuses d’Air Sénégal
Jeudi 19 janvier, deux jours après les faits, la compagnie Air-Sénégal a publié un communiqué pour présenter ses excuses : «La compagnie Air Sénégal présente ses excuses à tous les passagers pour le retard du vol HC209 Dakar-Conakry du 17 janvier 2023. Air Sénégal réitère son engagement à servir de la meilleure manière possible l’ensemble de ses passagers, Sénégalais, Guinéens, de toute la sous-région et de toutes les nationalités».
La compagnie promet que « l’esprit Téranga, les valeurs d’accueil et d’ouverture structurent nos démarches et nos réflexions et exigent de nous une attention particulière portée à chaque voyage, à chaque passager, pour une expérience conforme à nos ambitions. Air Sénégal affirme son attachement au dialogue et au traitement bienveillant des passagers, même lorsque, pour des raisons compréhensibles, des frustrations peuvent être exprimées ». Elle déclare ensuite avoir transporté 76 067 passagers entre la Guinée et le Sénégal, durant l’année 2022.
Reste à savoir si ce communiqué réussira à calmer les ardeurs.
Entre les deux pays, les choses semblent désormais entrées dans l’ordre. Dans une nouvelle publication le jeudi 19 janvier, le ministre guinéen des Affres étranges, Mori-Sans-dents Kouyaté s’est réjoui du dénouement heureux dans cette affaire : « Je remercie les plus hautes Autorités Sénégalaises pour le dénouement heureux et fraternel de la situation créée à l’aéroport de Dakar suite à des incompréhensions. Je remercie particulièrement l’Ambassadeur du Sénégal en Guinée, Madame Anna Semou Faye, qui a joué un rôle important au cours des négociations. Je réaffirme que la République de Guinée et la République du Sénégal sont des pays frères qui résoudront toujours leurs différends sous l’arbre à palabre africain ».
Abdoulaye Pellel Bah