Au cours des travaux de restitution de la Revue du portefeuille des projets et programmes d’investissement public, financés par la Banque mondiale (BM), il a été relevé, le 17 janvier à Conakry, la faible absorption des ressources disponibles pour le pays dans le cadre de réalisation d’infrastructures.
Nestor Coffi, le représentant résidant de la Banque mondiale en Guinée, a salué le travail «de qualité abattu par experts et techniciens» de l’institution et de la Guinée, une semaine durant. Ce qui a permis, selon lui, d’aller en profondeur dans l’examen des contraintes et facteurs de blocage de la mise en œuvre du portefeuille des projets «au bénéfice de la population.» Il a exhorté les uns et les autres à «aller vite et à temps», rapporte le site du département. M. Coffi a aussi invité le gouvernement à prendre des mesures «courageuses» afin de renforcer la gestion du portefeuille, améliorer le taux d’absorption des «ressources (34% relativement faible) comparé à la sous-région 45% ».
Moussa Cissé, le ministre de l’Economie et des finances, Gouverneur pays pour la Banque mondiale en Guinée, rappelle que «depuis sa première intervention dans les années « 60 », les engagements de l’institution en faveur de la Guinée sur les projets et programmes achevés et ceux en cours d’exécution, se chiffrent à plus de trois milliards de dollars américains, tous secteurs confondus ».
A date, poursuit-t-il, le portefeuille actif de la BM en Guinée comporte dix-neuf opérations dont douze projets nationaux et sept autres régionaux, pour un engagement total de 907,7 millions de dollars américains. Le taux de décaissement global en décembre 2022 est estimé à 35,4 %, «un taux en deçà de la moyenne de la sous-région, qui est autour de 45% ». Toutefois, on note une hausse de cinq points par rapport à la dernière Revue en mars 2022, où le taux d’absorption était à peine 30%. «Ce qui n’est ni cohérent avec nos besoins, ni tolérable au regard des souffrances de nos populations», déclarait un responsable pays de la Banque mondiale en Guinée.
Le ministre juge la détermination de Conakry à accroître la capacité d’absorption des ressources aux efforts déployés et aux réformes engagées par le gouvernement à travers la Direction nationale des investissements publics. Il précise que des contrats de performance ont été passés à cet effet entre les ministres de tutelle, celui de l’Economie et des finances et les responsables des Unités de gestion des projets.
«J’en appelle les parties prenantes à plus de rigueur et de responsabilité dans le processus de maturation des projets d’investissement publics conformément aux orientations de la lettre de cadrage budgétaire 2023, dont le principe de base est la discipline budgétaire. Celui-ci devra conduire la politique de transformation de l’action publique répondant aux défis de soutien de l’activité économique, l’accompagnement des populations les plus vulnérables et un investissement conséquent qui devrait être porté à plus de 25% du budget global », déclare le ministre.
Selon le Premier ministre, Bernard Goumou, la faiblesse de la capacité d’absorption des projets et programmes en Guinée, «au regard de nombreux besoins d’infrastructures», constitue une préoccupation. Aussi, le ministre de l’Economie et des finances est-il instruit de prendre toutes les dispositions nécessaires pour améliorer la capacité d’absorption des projets et programmes d’investissements publics. D’ores et déjà, des contrats de performances ont été passés entre les Unités de coordination des projets et programmes et les ministères sectoriels, pour «gage de performance et de redevabilité», parole de ministre.
Yaya Doumbouya