Le long des routes de Conakry est de plus en plus envahi par des marchands ambulants de tous les âges. Malgré les risques d’accident, ils ne ratent pas les embouteillages pour vendre : eau minérale, biscuits, jus, fruits.

Ils bravent le soleil, la pluie, pour « chercher à subvenir à leurs besoins », dès qu’il y a le moindre embouteillage. Principalement sur l’autoroute Fidel Castro et sur l’Axe Leprince. Ils encourent des accidents, mais ces vendeurs ambulants profitent toujours des embouteillages pour écouler leurs marchandises. Ils deviennent de plus en plus nombreux sur les axes routiers de Conakry.

Mariama Baldé, la trentaine bien sonnée, est vendeuse de jus, de bonbon et d’eau minérale à la Cimenterie (Dubréka). Se faufilant entre les files de véhicules, elle est consciente des risques d’accident qu’elle encourt, mais elle se dit obligée à faire le commerce ambulant : « Si je me trouve entre ces véhicules à courir de gauche à droite, c’est pour me faire de l’argent, afin de subvenir aux besoins de ma famille. Je sais que je cours un grand risque ici, mais je n’ai pas le choix. Cela fait plus de 3 ans que j’exerce cette activité et ça marche plutôt bien pour moi. Je n’ai pas les moyens de louer une boutique, pour le moment. D’ailleurs, tu peux faire une journée dans une boutique, sans rien avoir, mais ici, c’est sûr tu ne rentreras pas les mains vides ».

Vue de loin de vendeurs à la sauvette près du rond-point de la Cimenterie

Fatoumata Camara est une élève de la 5ème année. Chaque soir, après ses cours, elle revend de l’eau autour du rond-point de la Cimenterie : « Je vais tous les matins à l’école, je rentre à 14 heures, après les cours. Juste après, je viens à la Cimenterie, pour vendre de l’eau minérale. Si je n’arrive pas à tout revendre, je peux rester jusqu’à 20 heures, avant de rentrer. Un jour, j’ai été victime d’un accident. C’est un motard qui m’a heurtée, j’ai été transportée d’urgence à l’hôpital. J’en porte toujours les séquelles… »

Comme elles, plusieurs autres vendeurs à la criée envahissent les principales voies routières de Conakry, au moindre embouteillage.

Les avis sont partagés sur la vente à la criée. Un usager de la route qui approuve, témoigne : « Parfois quand je suis dans les embouteillages, si j’ai faim, je peux acheter des biscuits et du jus, sans pour autant me déplacer. Les vendeurs à la criée nous aident souvent à avoir avec les petites coupures qu’on rend à nos passagers, tout ça, c’est avantageux pour nous les chauffeurs. Mais attention, c’est un lieu très dangereux surtout pour les enfants. Si une voiture roule en excès de vitesse, elle peut les heurter », a déclaré Fodé Soumah, un taximètre de l’autoroute Leprince. Selon lui, ces vendeurs lui rendent service.

Mohamed Bangoura est de ceux qui n’apprécient pas la situation. Selon lui, ces marchands créent souvent aux chauffeurs de véhicules d’énormes difficultés. Il interpelle les autorités, pour leur « interdire de se faufiler entre les voitures. Quand il y a embouteillage, et que la circulation bouge au niveau d’une des files, tout le monde est pressé. Tu es obligé de les éviter, parce que quand tu les cognes, tu auras des problèmes. Parfois même, ils nous insultent. Ce n’est pas bien, on doit vraiment nous aider pour ça, on doit mettre de l’ordre dans leur activité », a-t-il plaidé.

Face à la pléthore de vendeurs à la criée, si la pratique n’est pas à bannir, les autorités devraient y mettre de l’ordre, estiment bien des citoyens.

Bountouraby Kader Camara