Absent du pays depuis le 6 avril 2022, Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), multiplie les tournées en Afrique. Après le Libéria, la Guinée Bissau, la Gambie, la Côte D’Ivoire, etc., le dimanche 5 mars, il a tenu un géant meeting à Luanda (Angola), précisément au complexe sportif de Cidadela. Le président de l’UFDG est largement revenu sur la situation sociopolitique de la Guinée, notamment le soutien de sa coalition politique au coup d’Etat, le conflit entre la classe politique et le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) et la manifestation du 9 mars, prévue par les Forces vives de Guinée.
« Nous avions salué le coup d’Etat, parce que nous avions considéré que c’était un pas vers le retour à l’ordre constitutionnel. Nous avions assumé cela à l’intérieur de la Guinée comme à l’extérieur. J’ai, au nom de l’ANAD, fait le tour du monde pour apporter notre soutien à la junte », a rappelé le leader de l’UFDG. Cela, précise-t-il, pas parce que la junte avait restitué à l’UFDG ses droits élémentaires, notamment la libération des bureaux et du siège de l’UFDG qui étaient occupés par l’armée, la restitution des passeports confisqués et la libération des détenus politiques. C’est plutôt à cause « du discours de prise de pouvoir prononcé par le colonel Mamadi Doumbouya qui comportait toutes les revendications de notre grand parti. Il s’engageait en effet de mettre fin au dysfonctionnement des institutions, à l’instrumentalisation de la justice et au piétinement des droits et libertés individuels. II s’engageait, en outre, d’organiser avec diligence, les élections pour donner le pouvoir à celui qui aurait été choisi par le peuple. C’était justement la satisfaction de cette revendication que nous ne pouvions pas rester indiffèrent à cet engagement de nos officiers, qui s’étaient engagés à déposer l’ancien régime et à restaurer l’Etat de droit. Au nom de l’ANAD, au nom de l’UFDG, j’ai fait le tour du monde pour demander de ne pas couper la coopération avec la Guinée, mais d’accompagner le CNRD, sur la base du discours prononcé le 5 septembre 2021 ».
La discorde
Malheureusement, quelques mois plus tard, dit Cellou Dalein Diallo, c’était la déception : le retrait de trois sièges de l’ANAD sur les quatre qui devaient être membres du CNT (Conseil national de la transition) qui, pourtant, avaient été choisis avec l’accord des autres partis politiques ; la spoliation de son domicile et celui de Sidya Touré ; l’affaire Air Guinée qui lui a été collée pour dire qu’il est en conflit avec la justice. « Je n’ai aucun conflit avec la justice. Je vous avais dit, pendant que j’exerçais les hautes fonctions de responsabilité dans l’appareil de l’État au sein du gouvernement, je suis resté un cadre un intègre. J’ai essayé de tout faire pour mériter la confiance qui avait été placée en moi par le général Conté, en servant la République comme il le fallait ». Toutes ces manœuvres de la junte, conclut le président de l’UFDG, visent à l’écarter des futures élections. « Il faut vous préparer à refuser l’exclusion de l’UFDG, de votre candidat, de la compétition électorale », a-t-il lancé à ses partisans.
Du dialogue
Cellou Dalein Diallo a aussi rappelé que sa coalition et les autres coalitions politiques et la société civile ont demandé au CNRD, d’organiser un dialogue sous la présidence de la CEDEAO et en présence du G5. Pour ceux qui disent que l’UFDG s’associe à son ancien bourreau RPG arc-en-ciel, le président de l’UFDG répond : « Nous sommes des adversaires politiques, nous avons des points de vue divergents. Mais nous sommes d’accord sur trois choses : Que le dialogue soit sous la présidence de la CEDEAO pour définir les conditions de retour à l’ordre constitutionnel, que le CNRD arrête le harcèlement judiciaire contre les acteurs politiques et de la société civile, la levée de la suspension systématique des manifestations pacifiques qui constituent le socle des libertés fondamentales ».
Pour satisfaire à toutes ces revendications, le président de l’UFDG invite les Guinéens à se mobiliser, pour « participer activement » à la marche du 9 mars, mais « dans la discipline et en dehors de toute violence », a-t-il lancé.
Mamadou Adama Diallo