Le dossier opposant l’Etat guinéen à Paul Moussa Diawara et Inza Bayo devant la Chambre des appels de la CRIEF commence à se compliquer. Et pour cause ? Les témoins censés faire leur déposition le 14 mars ne sont tout simplement pas retrouvés.

A l’audience du 7 mars, le président de la CRIEF, Noël Koulémou, avait enjoint le procureur spécial, Aly Touré, de tout faire pour retrouver Mohamed Diaby, commissaire aux comptes de l’OGP jusqu’en 2018 et Ousmane Savané, son suppléant, ainsi que les inspecteurs Kahin Magassouba et Tézéri Zoumanigui. Les deux premiers doivent s’expliquer sur le rôle qu’ils ont joué pendant la gestion de Paul Moussa Diawara ; les deux autres sont censés donner des éclaircissements sur les rapports qu’ils ont faits, accablants les deux prévenus. Sauf que depuis le limogeage de Paul Moussa Diawara, de l’eau a coulé sous le pont, et les témoins se sont volatilisés dans la nature sans laisser des traces. De peur d’être, eux-mêmes, épinglés ? Depuis leur citation à comparaître, le procureur spécial dit les avoir cherchés sans cesse. En vain : « Les citations sont faites, mais on ne les retrouve plus ». Coïncidence troublante, l’huissier commis à la tâche trouve que tous ont changé de domicile et de cabinet de travail : « Il a été confronté à un énorme problème d’adresse. Nous nous sommes battus pour retrouver soit leurs cabinets soit leurs domiciles, mais dès que l’huissier arrive, on lui dit qu’ils y ont quitté depuis plus d’un an ».

Aly Touré qui estime que leur interrogatoire est crucial pour toutes les parties au procès, supplie les prévenus de s’étendre un peu plus sur les informations concernant ces témoins : « Si vous pouvez aller un peu plus loin, en donnant par exemple leurs contacts, cela va nous aider, parce que nous n’arrivons pas à les localiser ». Pour les avocats de l’Agent judiciaire, le parquet spécial ferait mieux de s’adresser à l’Ordre des experts comptables et à l’Inspection d’Etat : « Ils peuvent valablement recevoir les citations ».

La défense estime qu’il ne revient pas à ses clients de faire le travail du parquet. « Si le parquet spécial n’a pas fait les diligences nécessaires pour retrouver les témoins, ce ne sont pas nos clients qui doivent le faire. A défaut de les retrouver, on peut passer outre et continuer les débats ». Le juge renvoie le dossier au 21 mars, le temps pour le parquet spécial de retrouver ses témoins.

Paul Moussa Diawara et Inza Bayo, poursuivis pour un présumé détournement de près de 40 milliards de francs guinéens lorsqu’ils étaient à l’Office guinéen de publicité (OGP), sont condamnés en première instance à 5 ans d’emprisonnement et au paiement de 50 millions de francs guinéens d’amende, chacun. C’est contre cette décision que les prévenus ont interjeté appel devant la Chambre des appels de la CRIEF.

Yacine Diallo