Les religieux s’activent pour mettre autour de la table CNRD et Forces vives de Guinée. Mais leur tâche s’annonce difficile, tant les deux parties sont figées. Les FVG restent déterminées, du moins pour le moment, à descendre dans la rue, le 20 mars. L’UFDG appelle ses militants à se tenir prêts.
Ils avaient fondé espoir sur les bons offices des religieux du pays, notamment de l’imam de la Grande mosquée de Conakry. Les responsables de l’UFDG s’attendaient à ce que les religieux fassent fléchir le CNRD sur, entre autres, l’ouverture d’un cadre de dialogue sous l’égide de la CEDEAO, la libération des détenus politiques, la levée de la suspension des manifestations. Mais El Hadj Mamadou Saliou Camara et compagnie ont eu du mal à faire libérer, ne serait-ce qu’Abdoul Sacko, coordinateur du Forum des forces sociales, cueilli par des gendarmes à la veille de la rencontre décisive du 13 mars. C’est encore le flou autour de sa situation. A l’UFDG, le pessimisme s’installe : « Les Forces vives ont défini des préalables clairs afin que nous puissions discuter de notre pays. Nous ne trouvons pas le bon chemin… Par respect pour les religieux, et parce que Cellou Dalein est un homme de paix, nous avons accepté la main tendue, jusqu’à présent nous n’obtenons pas gain de cause », explique Bano Sow, un des vice-présidents du parti.
A l’allure où vont les choses, la manifestation du 20 mars devient inéluctable. D’autant que les autorités de la transition et les religieux brandissent la libération « verbale » d’Abdoul Sacko comme un geste d’apaisement. Ils tiennent à ce que les FVG reportent à nouveau leur manifestation. Bano Sow y voit une manœuvre dilatoire : « Nous ne pouvons pas faire confiance à un junte qui ne respecte pas ses engagements. Nous n’avons de choix que de nous exprimer à travers le seul recours qui nous reste, qui est la manifestation ». Il appelle les religieux à faire leur preuve : « Il n’y a pas d’alternative, il faudrait que la transition aboutisse au retour à l’ordre constitutionnel. Les religieux nous demandent encore de reporter la marche parce que, selon eux, ils ont des engagements, qu’ils réussiront. Nous ne faisons confiance à personne, nous voulons des résultats, d’actes concrets ». Bano Sow appelle les militants de l’UFDG à répondre massivement au mot d’ordre des Forces vives : « Nous sommes patients, mais cette patience a des limites. Il y aura une déclaration des FVG, nous vous demandons de rester mobilisés parce que nous ne nous laisserons pas berner ».
Yacine Diallo