La liste des jeunes assassinés depuis le début de la transition s’allonge. Étudiant en licence 3, à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, Mamadou Aliou Barry a été tué « par balle », dans la soirée du dimanche 19 mars, à Hamdallaye 2, dans la commune de  Ratoma. C’est la 18ème  victime tombée sous les balles des forces de l’ordre et de sécurité depuis l’avènement du CNRD au pouvoir le 5 septembre 2021. Selon les témoignages, Mamadou Aliou Barry était en train veiller avec ses amis lorsqu’il a reçu une balle à tête. Il est mort avant d’arriver à l’hôpital. 

Mamadou Aliou Barry n’avait que 21 ans et était fils unique d’une maman décédée, il y a trois ans. El Hadj Mamoudou Diallo était son père adoptif, il raconte ses derniers instants : « Mamadou Aliou a passé la journée à la maison en train de travailler avec des carreleurs que j’ai engagés pour des travaux. À la fin de la journée, il a pris son bain et a voulu sortir. Ma femme a essayé de l’en empêcher, le suppliant à se reposer. Il devrait être fatigué. Il a promis à ma femme de ne pas durer. Ma femme s’est endormie, Aliou est parti à la rencontre de ses amis ». Aux environs de 23h 30, El Hadj Mamoudou reçoit l’appel de sa femme, l’informant de l’assassinat de Mamadou Aliou Barry.

El Hadj Mamoudou rapporte les propos d’un ami du défunt qui a vécu le drame. « Ils étaient tranquillement assis derrière la cour, quand un pick-up rempli d’homme en uniforme, en provenance de Hamdallye, a surgi devant eux. D’autres ont pris la fuite, Aliou, se disant n’avoir rien fait de mal, a préféré rester sur place, avec d’autres jeunes. Le pick-up a garé à leur niveau, ils ont eu une courte conversation et le chef des patrouilleurs a demandé à un de ses éléments d’ouvrir le feu. Il a été atteint à la tête ». Le père adoptif signale, qu’avant l’arrivée à l’hôpital Jean-Paul II, son fils a rendu l’âme.

Mamadou Aliou Barry est enterré ce lundi 20 mars, au cimetière de Hamdallaye , après la prière de 14 heures. Sa famille a promis de porter plainte contre X, pour arrêter et punir l’auteur du crime.

Le FNDC condamne

Dans un communiqué de presse publié ce 20 mars, le Front national pour la défense de la constitution, FNDC, déplore un total de dix-huit (18) morts depuis mai 2022 et plusieurs blessés par balles, dont des handicapés à vie. Il se dit « profondément choqué et outré » par les pertes en vie humaine enregistrées depuis l’avènement du CNRD au pouvoir. Le FNDC condamne ces actes, dénonce l’utilisation d’armes létales par les Forces de Défense et de Sécurité dans le maintien d’ordre public. Le Front exprime son soutien et sa solidarité aux victimes de «cette sanglante répression que le CNRD inflige aux Guinéens épris de justice et de démocratie depuis des mois». Il promet que ces crimes ne resteront pas impunis.

Le CNRD sur les traces d’Alpha Condé

Le 27 septembre 2021, Colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition, partait se recueillir au cimetière de Bambéto, où sont inhumées plusieurs victimes des manifestations organisées sous Alpha Condé. Il promettait que « les Guinéens ne doivent plus mourir pour la politique ». Cet engagement n’a tenu que neuf mois, avant de voir tomber la première victime sous l’ère du CNRD. Depuis, le décompte macabre se chiffre à 18 victimes, tous assassinés quasiment dans les mêmes conditions (par balle) que les centaines de victimes sous Alpha Condé, en 11 ans de règne.

Abdoulaye Pellel Bah