Dans un communiqué publié le 27 mars, le ministère des Transports a interdit la circulation de taxis-motos dans la commune de Kaloum (Conakry). Une décision mal accueillie par les conducteurs des deux roues, au cœur de Kaloum. Elle suscite aussi la colère chez les citoyens. 

Alors que les taxi-motards s’estiment dans leur droit de pratiquer un métier qui leur permet de subvenir aux besoins de leurs familles, les conséquences de leur interdiction de rouler à Kaloum se ressentent chez les citoyens. Jeudi 30 mars, 9h 25, Pont 8 novembre, l’entrée de Kaloum. Important dispositif sécuritaire formé d’agents de la flicaille de la routière, appuyés par ceux de la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS. Aucun conducteur de taxi-moto ne traverse le point de contrôle, quel que soit le prétexte. Ces agents font appliquer à la lettre, la décision du ministère des Transports.

Conséquences, plusieurs travailleurs et élèves se sont retrouvés dans d’énormes difficultés, pour arriver à destination. Babara Sylla, travaille dans le secteur bancaire, à 9h passées, il est déjà en retard, pire il risque de perdre son travail : « Chaque matin, je viens travailler en ville à moto, pour éviter les embouteillages et arriver à l’heure. Aujourd’hui, la police a bloqué le passage au niveau du Pont 8 novembre. Les taxis-motos n’entrent pas à Kaloum et cela complique vraiment la situation. Je suis obligé de descendre à ce niveau, continuer à pied, car on ne trouve même pas de voitures. Je vais arriver en retard et cela aura forcément un impact sur mon travail et sur l’entreprise». Babara Sylla est inquiet. Il a peur que son patron ne comprenne pas la situation. Au meilleur des cas, il sera « obligé de fournir une lettre d’explications ou passer en Conseil disciplinaire. Cette situation a un impact personnel et professionnel sur nous », dit-il.

L’impact sur l’école

Mamoudou Soumah fait la terminale, options : Sciences Sociales, Lycée 2 octobre. Il est dans l’embarras. À 9 heures, il a déjà manqué son cours de 8h-10h. Obligé de faire sa route à pied à cause de cette interdiction, il explique sa mésaventure : « Je suis venu à moto jusqu’au niveau du Pont 8, on nous a bloqués. Les taxis-motos ne passent pas. Il est 9 heures, j’ai un exposé à faire, je ne suis pas encore arrivé. Ce qui veut dire que j’aurai certainement un zéro pour ce travail. Je suis candidat au Bac et l’enseignant ne pourra pas revenir sur son cours, à cause de ma seule absence ou de celle de quelques élèves ». Il plaide pour que cette mesure soit assouplie pour les élèves.

Directeur d’une agence de communication visuelle, Abdallah Keita se retrouve dans le même pétrin. Obligé à faire le reste de son trajet à pied et ne disposant pas de moyens de déplacement personnel : « J’habite dans la périphérie de Kaloum. Pour y entrer, j’emprunte les taxis-motos, mais aujourd’hui tout est bloqué au niveau du Pont 8 novembre, qui est l’unique entrée de la ville ». Il est obligé de payer deux fois les mêmes frais, pour espérer arriver à l’heure. « J’ai payé 10 000 GNF pour arriver ici. Je traverse le pont à pied et je suis obligé de payer le même montant à un autre motard, de l’autre côté, pour me déposer au boulot. Pour le moment, j’attends ici depuis une dizaine de minutes, je suis déjà en retard ».

Abdallah Keita dit comprendre qu’il y ait des restrictions ou des exigences pour la sécurité des conducteurs et passagers, comme le port obligatoire des casques pour les deux. Mais il ne gobe pas l’interdiction formelle de taxi-motos à Kaloum. 

Aux autorités, Abdallah leur demande de tenir compte de la vie des pauvres citoyens, avant de prendre toute décision, rappelant que tout le monde n’a pas les mêmes facilités en ce qui concerne le déplacement à Conakry. Une évidence.

Abdoulaye Pellel Bah