La situation reste toujours tendue à Kankan. Après Ousmane N’bia Kaba, président du mouvement «Pas courant, pas dort», le parquet général près la Cour d’appel de Kankan annonce l’arrestation d’une vingtaine d’autres personnes en lien avec les manifestations nocturnes contre les délestages électriques. En parallèle, policiers, gendarmes et militaires traquent les leaders d’opinion.
Après les manifestations, les représailles. La semaine dernière, la ville de Kankan a été le théâtre de plusieurs manifestations nocturnes. Des citoyens de plusieurs quartiers du centre-ville ont manifesté, pour montrer qu’ils sont mécontents des coupures intempestives du courant électrique. Au lendemain de ces manifestions, le gouverneur de la ville de Kankan n’est pas allé du dos de la cuillère. Il a annoncé son intention de mettre aux arrêts tous ceux qui ont manifesté. Les forces de défense et de sécurité n’ont pas perdu du temps. Elles ont sorti le président du Mouvement citoyen pour l’électrification de la Haute-Guinée de la radio Espace où il était invité dans une émission, avant de l’embastiller. Il est accusé d’être l’un des meneurs de la manifestation. Il est en prison avec 21 autres «manifestants», selon le parquet général près la Cour d’appel de Kankan. Il sont accusés de « participation délictueuse à un attroupement non autorisé sur la voie publique, destruction et dégradation d’édifices publics, entrave aux mesures d’assistance et complicité». Le parquet, dans son communiqué, explique que les délestages ne sont qu’un prétexte pour troubler l’ordre public : « La plupart des quartiers ci-dessus cités sont servis en électricité de 18 heures 30 mm à 6 heures du matin et ces évènements se sont déroulés sous la lumière. Des renseignements recueillis, il résulte que ces manifestations furent précédées d’une large concertation et d’une bonne coordination d’un certain nombre de jeunes signalés comme instigateurs ».
Aujourd’hui, la plupart des jeunes leaders de Kankan sont soit en détention soit en cavale. Kabinet Somono Condé a échappé belle. Une équipe mixte composée de policiers, de gendarmes et de bérets rouges a effectué une descente musclée chez lui pour l’interpeller, alors qu’il ne fait l’objet ni de convocation ni de mandat d’arrêt : « Quatre pick-up des forces spéciales et de la police ont débarqué chez moi, j’étais parti au travail en ville, ma femme aussi. Les agents ont défoncé ma porte et celles de mes voisins. Dans ma maison, ils ont pris 18 millions dans mon armoire, ils ont pris également 800 000fg qui étaient sous mes documents. Ils ont vandalisé la maison et sont partis». Le procureur, lui, parle de perquisition : « Une visite domiciliaire suivie d’une perquisition a été effectuée dans l’après-midi de ce 02 avril 2023 chez le suspect Kabinet Somono Condé, au quartier Madina».
Ces deux derniers jours, les forces de défense et de sécurité sillonnent la ville et continuent la traque. Il se murmure même que le Haut commandant de la gendarmerie, le général Balla Samoura, séjournerait actuellement à Kankan.
Yacine Diallo