La tension montre entre le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme et la Primature. Le 13 avril, le ministre de la Fustige, Charles Wright, a sorti un communiqué au ton menaçant pour dénoncer des convocations à la Primature, sans son consentement, de magistrats de parquets. Un début d’incendie entre le ministre et son patron de PM ?
S’achemine-t-on vers un bras de fer entre le Premier ministre et son ministre de la Justice ? L’on est tenté de le croire. Alphonse Charles Wright a fustigé publiquement, le 13 avril, des agissements du PM Nanard Goumou qui, selon lui, mettrait en mal l’indépendance de l’institution judiciaire guinée-haine. Le Garde des Sceaux n’aurait pas apprécié que le PM invite des magistrats de parquets à la Primature, pour discuter des « procédures judiciaires ». Lesquelles ? Mystère. Il se murmure que la Primature, dans le cadre des négociations avec les Forces vives de Guinée (FVG), cherche à avoir l’avis de certains pro-crieurs sur les dossiers des détenus politiques. Histoire d’évaluer les possibilités de satisfaire les préalables des FVG. Le ministre aurait, selon son communiqué, tenté de mettre fin à cette pratique, en vain : « Le procureur général près la Cour d’appel de Conakry a de nouveau été invité».
Charles Wright rappelle à Nanard Goumou que les magistrats du ministère public n’exercent leur fonction que sous « le contrôle du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, et ce conformément aux dispositions du Code de procédure pénale». Le ministre de la Justice menace de sévir contre tous les magistrats qui accepteraient de se plier aux injonctions de la Primature : « Il n’est permis à aucun magistrat de donner son avis sur une procédure judiciaire ou sur des questions d’ordre politique à toute autre autorité…Tout manquement à cette prescription légale exposera son auteur à des sanctions disciplinaires».
Cet épisode constitue le deuxième qui oppose un Garde des Sceaux à un haut responsable du pouvoir sous l’ère CNRD. Le 31 décembre 2021, dame Fatoumata Yarie Soumah, à l’époque ministre de la Fustige, avait vigoureusement contesté la décision du colonel Amara Cas-marrant, ministre secrétaire gênant à la Présidence, d’organiser à son insu, une rencontre entre le Prési de la Transition et le personnel du mystère de la Justice. Elle avait crié à une immixtion. Ce coup de gueule a couté son poste à la dame, quelques jours plus tard.
A voir si le CNRD prendra la même sanction contre Charles Wright au nom du respect des supérieurs hiérarchiques, ou s’il continuera à montrer que Charles Wrong est l’un de ses intouchables. Eh, oui !
Yacine Diallo