Décédée le 8 avril à Paris, des suites de maladie, l’ancienne première dame de la République, Djènè Kaba Condé, a regagné sa dernière demeure dimanche 16 avril. C’est désormais au cimetière de Sinkefara, à Kankan, que repose l’épouse du président Alpha Condé. A Conakry, la présidente Fondation Prosmi (Protection sociale, maternelle et infantile) a bénéficié de tous les honneurs dignes d’une première Dame. La Guinée a salué sa mémoire pour l’éternité. Elle a été décorée et élevée au grade de « Grand commandeur de l’Ordre national du mérite, en reconnaissance des éminents services rendus à la nation ».

À Kankan, on ne peut pas en dire autant. Les images révèlent que l’appel au boycott lancé par Alpha Condé et le RPG Arc-en-ciel a été suivi à la lettre. Dans la ville de Nabaya, les gens ont vaqué à leurs occupations comme si de rien n’était. Samedi 15 avril, pour la réception de la dépouille à l’aérodrome de Diankana, n’étaient pratiquement présents que les cadres et responsables administratifs et territoriaux. 

Le Comité d’organisation des obsèques justifie la faible mobilisation par le Ramadan. « Les gens sont fatigués et n’ont pas assez d’énergie pour participer aux événements… ».

Dimanche 16 avril, Elhadj Mamadou Saliou Camara, grand Imam de la mosquée Fayçal a dirigé la prière funèbre, devant le premier imam de Kankan. Ce qui a ravivé la controverse, puisque c’est ce même imam qui avait affirmé au lendemain du décès de Djènè Kaba que « Quand une femme mariée meurt, le corps et la décision de sa gestion appartiennent à son mari».

Un déshonneur

Dimanche 16 avril, on s’attendait à davantage de monde pour la cérémonie funéraire de Djènè Kaba. Hélas ! Selon Inquisiteur.net le grand imam Karamo Bangaly Kaba, le premier responsable de la ligue islamique régionale, a boudé les funérailles. Pour lui, il s’agit d’une femme mariée dont le mari a été catégoriquement écarté de la gestion de la dépouille, « le corps d’une femme appartient à son mari ». Il aura fallu trois heures de négociations à son domicile pour qu’il accepte de se rendre à la mosquée pour participer à la prière funèbre.

Les autorités de la transition ont affrété un vol à la hâte pour parachuter le premier imam Elhadj Mamadou Saliou Camara à Kankan. Il a dirigé la prière funèbre. Selon les infos, rien de méchant. Le grand imam de Nabaya aurait laissé l’honneur à l’hôte venu de Conakry, par respect et considération.

Le membre de la famille éplorée, Ousmane Kaba, président du Pades a salué le geste du chef de la junte « à l’égard de notre sœur, mère, Hadja Djènè Kaba Condé ». Il rappelle que c’est grâce à Mamadi Doumbouya que « cette brave dame a reçu tous les honneurs des Guinéens de Paris à Kankan ».

Abdoulaye Pellel Bah