Le 22 mai, les présumés bourreaux de Hawa Traoré (Mahawa) étaient devant le tribunal de première instance de Dixinn. Mohamed Alimou Diané et Rouguiatou Daffé nient toute implication dans l’assassinat de la fillette.
L’affaire remonte à novembre 2022, Hawa Traoré (Mahawa), 4 ans, a été agressée, violée, tuée et jetée dans la cour d’Ousmane Ben Camara au quartier Kobaya, dans la commune de Ratoma. Son corps a été retrouvé le lendemain, une corde au cou. La triste fin de Mahawa Traoré avait suscité l’émoi dans la cité. La Brigade de recherche de Kipé a mis le grappin sur six personnes. Lansana Kaba, Papa Koly Doumbouya, Mohamed Alimou Diané, Ousmane Ben Camara, Ibrahima Barry et Rouguiatou Daffé ont été inculpés pour « Assassinat, meurtre et complicité », avant d’être placés sous mandat de dépôt, à l’exception de Rouguiatou Daffé qui est en liberté. Ouvert en avril dernier, leur procès s’est poursuivi le 22 mai au tribunal de première instance de Dixinn. Les accusés réfutent toutes les charges articulées contre eux.
Mohamed Alimou Diané, gardien d’une clinique qui jouxte la cour à l’intérieur de laquelle la fillette a été retrouvée morte, dit s’être retrouvé dans cette affaire par pur hasard : « Je ne connais rien de cette affaire… C’est à la gendarmerie même que j’ai appris cette histoire de meurtre. Sinon, je voyais la fille parce que c’est chez sa mère que j’achetais de la salade. Mais je ne savais même pas qu’elle avait disparu ». La justice soupçonne Mohamed Alimou Diané d’être soit un des auteurs du meurtre, soit un complice. Les enquêteurs auraient conclu que le corps de Mahawa a « sûrement été déposé dans la cour d’Ousmane Ben Camara à partir de la clinique que Mohamed Alimou Diané gardait ». Des traces de pas ont été retrouvées sur le mur de la cour de la clinique. L’accusé n’en croit pas : « Personne ne m’a montré ces traces. Et je n’ai jamais aidé quelqu’un dans cette histoire ».
Rouguiatou Daffé est, quant à elle, inculpée pour « complicité de meurtre ». Elle a découvert le corps de la fillette au petit matin du 27 novembre 2022. Elle se dit certaine qu’il a été déposé dans leur cour : « Le 26 novembre, nous organisions un sacrifice pour ma sœur. Le lendemain matin, je ramassais les ordures, j’ai vu une fillette allongée dans la cour. J’ai crié, mes voisins sont sortis vérifier et trouver qu’elle est déjà morte. Mais il y avait des traces de pieds sur le mur de la clinique. Ce même mur était un peu endommagé. C’est comme si quelqu’un avait grimpé la cour, et le corps était allongé sur un pagne. Elle n’est pas décédée dans notre cour… Elle y a été transportée pour nous faire porter le chapeau ».
Lansana Kaba et le gardien dans le viseur de la partie civile
Avant de sortir le 26 novembre 2022, Mohamed Traoré a laissé sa fille dans sa maison. A son retour à 18h, Mahawa n’y était pas. Sa femme lui informe que la fille jouait avec ses amis dans la cour de leur voisin, Lansana Kaba. Ce dernier confirme lui-même que la fille était chez lui, avec ses enfants. Mohamed Traoré intime à son épouse d’aller la chercher. Elle ne la voit pas. Le père s’y rend, demande aux enfants du sieur Kaba ou se trouvait Mahawa. Elles lui disent qu’elle est sortie. Mohamed Traoré a beau cherché, il n’a retrouvé que le corps de la fillette le lendemain. Il impute la mort de son enfant à Lansana Kaba : « Mon enfant était chez monsieur Kaba. Lui-même m’a dit que la petite mangeait avec ses enfants. Elle a disparu chez lui. Il connaît ce qui lui est arrivé ».
Pour ce qui est de la clinique, le père de la défunte révèle que le gardien, Mohamed Alimou Diané et certains travailleurs ont refusé que les lieux soient fouillés : « Je suis allé crier devant la clinique, j’ai tout fait pour qu’ils ouvrent et qu’on puisse vérifier si ma fille ne s’y trouvait pas, ils ont refusé catégoriquement. Et les enquêtes ont montré que le corps a transité par la Cour de la clinique ». Mohamed Alimou Diané a pourtant clamé à la barre qu’il n’y avait aucune possibilité que quelqu’un d’autre accède à la clinique sans qu’il ne sache. Il réitère qu’aucune personne n’a eu accès à la cour de la clinique. Mais Mohamed Traoré est formel : « Mohamed Alimou Diané en sait quelque chose. Il nous cache ce qui s’est réellement passé. Peut-être qu’il protège des personnes ».
Le ministère public et la partie civile demandent au tribunal d’ordonner un supplément d’informations « pour ne pas qu’on condamne un innocent ou qu’on libère un coupable ». La défense oppose un niet catégorique : « Qu’on ne se moque pas de l’intelligence du tribunal. Ce n’est pas après six mois qu’on va faire une telle demande. Si par extraordinaire, vous devez répondre favorablement à leur demande, nous vous prions d’ordonner la mise en liberté de nos clients », déclare Me Pépé Koulémou.
Le juge Amadou Sy rejette la demande du ministère public et de la partie civile. Les autres accusés étant déjà entendus, il renvoie l’affaire au 12 juin prochain, pour plaidoiries et réquisitions. Déjà, il a accordé une liberté conditionnelle à Ibrahima Barry.
Yacine Diallo