Mercredi 24 et jeudi 25 mai sont les deux derniers jours de la série de manifs projetées par les Forces vives des Guinée durant le mois mai. Leurs principales revendications ? Abandon des poursuites et harcèlements judiciaires fantaisistes contre les leaders politiques et les acteurs de la société civile ; acceptation du principe d’un dialogue présidé par la CEDEAO, en présence du G5 ; libération des détenus politiques ; levée de la suspension de la liberté de manifestation dans les rues et sur les places publiques ; ouverture d’enquêtes indépendantes et impartiales pour faire la lumière sur les crimes de sang commis sous le régime du CNRD. Excusez du peu !
Pour le moment, la stratégie du gouvernement de déployer l’armée sur l’Axe Leprince fonctionne et dissuade les manifestants. Les Forces vives ont du mal à mobiliser ceux qu’ils appellent « les prodémocraties ». Le mercredi 24 mai, dans le Grand-Conakry, c’était le calme, malgré les multiples appels des FVG à la mobilisation, malgré la réputation de Leprince à manifester. Les citoyens ont vaqué à leurs occupations quotidiennes comme si de rien était : magasins, boutiques, supermarchés, restaurants, pharmacies, stations-services, sont restés ouverts. La grande mobilisation des bidasses aux yeux aussi rouges que leurs bérets et la sortie des blindés de guerre sur l’Axe Leprince ont démotivé et dissuadé les manifestants à tenter le moindre regroupement.
De Sonfonia à Hamdallaye en passant par Wannidara, Enco5, Cosa, Koloma, Bambéto, Gnariwada, des pick-up de l’armée : Gendarmerie et Police notamment, sont stationnés à chaque rond-point et grand-carrefour avec des patrouilles sans arrêt. Une véritable démonstration de Forces de ceux qui ont interdit les manifestations sur l’étendue du territoire national.
Le statuquo sur la corniche Foula-Madina-Taouyah
Comme à l’accoutumée, ce tronçon n’a pas répondu à l’appel des Forces vives. De Taouyah à Foula-Madina, en passant par Kipé, Nongo, Lambanyi, Kobayah, rien d’inhabituel. Magasins, boutiques, restaurants, stations-service, banques, sont restés ouverts. Idem, sur l’autoroute Fidel Casse-trop où était sensée partir la marche des Forces vives.
La manif du 25 mai reportée
Dans un communiqué publié dans la soirée du 24 mai, les Forces vives de Guinée ont dénoncé « la vaste opération de musèlement de la presse engagée par le CNRD », à travers les coupures de réseaux sociaux, de restriction de l’accès aux médias en ligne, de démantèlement et confiscation d’équipements, de brouillage d’ondes de médias privés. Elles expriment leur soutien et leur solidarité à la presse guinéenne « dont le rôle est déterminant dans l’avènement d’une Guinée démocratique ».
Par la même occasion, le Comité d’organisation des FVG informe l’opinion nationale et internationale « du report de la manifestation prévue le 25 mai 2023 à une date ultérieure ». Il justifie sa décision par la célébration de la journée de l’Afrique marquant la naissance de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue Union Africaine (UA), chaque 25 mai. Le Comité d’organisation des manifestations de rue invite les Guinéens « à se tenir prêts à poursuivre la lutte pour l’ancrage des règles et principes de la démocratie et de l’État de droit dans notre pays ».
Reste à savoir ce que sera la nouvelle stratégie des Forces vives de Guinée, pour mettre la pression sur le gouvernement de la Transition.
Abdoulaye Pellel Bah