Le procès de Kokoly Jack Bignamou Haba alias Jack Woumpack s’est poursuivi ce mardi 20 juin au tribunal correctionnel de Coyah. Le parquet a requis un an de prison contre l’artiste qui est poursuivi pour des propos jugés « ethniques et racistes », tenu dans une vidéo publiée sur Facebook le 8 juin.

Les excuses publiques du reggae man lors de sa première comparution du 13 juin n’ont pas tempéré le ministère public qui le poursuit suivant la procédure de flagrant délit. Ce 20 juin, le parquet a requis une condamnation du prévenu à un an de prison, dont quatre mois fermes et huit mois avec sursis. Il demande au juge de le condamner par ailleurs à une amende de 80 millions de francs guinéens et à une interdiction des réseaux sociaux pour une durée que déterminera le tribunal. Et ce conformément aux articles 1er, 4 et 8 de la Constitution de 2010, 363 et 364 du code pénal ; 27 et 29 de la loi L/2015/037/AN, relative à la Cyber-sécurité et protection des données à caractère personnel.

Regrets tardifs

Ce réquisitoire est formulé contre Jack Woumpack pour avoir tenu, sur sa page Facebook, des propos injurieux et discriminatoires à l’égard des Peuls. Il accuse cette communauté d’être à la base des morts lors des manifestations de rue sur l’axe Hamdallaye – Cimenterie. Des victimes qu’il qualifie « de sacrifice humain » consenti pour avoir le pouvoir politique. Si l’artiste s’est excusé depuis, le procureur Almamy Sékou Camara parle de « médecin après la mort ». « Son rôle en tant qu’artiste devrait être de promouvoir la paix et la cohésion sociale au lieu d’inciter à la haine ethnique », fait-il remarquer pendant ses réquisitions.

Me Fodé Mohamed Béavogui, avocat du prévenu, invoque quant à lui l’ignorance de la loi par son client. Il demande de le renvoyer à des fins de la poursuite pour délit non constitué. A défaut, l’avocat plaide des circonstances atténuantes, en condamnant son client au paiement d’un franc symbolique. Il plaide en outre de ne pas le « tuer professionnellement », en lui retirant la parole sur les réseaux sociaux et de lui accorder l’occasion de s’amender. À son tour, il cite l’article 544 du code de procédure pénale et ceux 14 et 15 du code pénal.

Lors de sa première comparution le 13 juin, le reggae man avait reconnu les faits qui lui sont reprochés et demandé pardon. La vidéo incriminée a été supprimée sur Facebook par la suite. Ce 20 juin, l’artiste a reconnu de nouveau son tort et dit regretter ses propos. Le juge devrait trancher dans les heures qui suivent.

Arrêté le 9 juin par la Brigade de recherches de Coyah, suite à une plainte déposée par le Collectif contre la haine ethnique en Guinée et une injonction de poursuite du Garde des Sceaux, Jack Woumpack avait été placé en garde à vue. Lors de sa première comparution, devant le tribunal de Coyah, il s’est vu refuser sa demande de remise en liberté. Depuis, il séjourne à la maison d’arrêt de cette ville située à 50 km, à l’est de Conakry.

Abdoulaye Pellel Bah

Envoyé spécial