L’enregistrement de l’enfant à l’état civil est la condition d’existence de celui-ci aux yeux de l’Etat. C’est un droit fondamental de l’enfant. En Guinée, beaucoup de parents négligent ce droit. L’officier de l’état civil de la commune Matoto, Kémoko Dioubaté. Il explique la problématique de l’extrait d’acte de naissance.

Ousmane Bangoura a 6 ans. Pour preuve de son être au monde et à la Guinée, il ne présente qu’un bout de papier volant, sur lequel la matrone a griffonné les jour, heure, lieu et date de sa naissance. Méconnaissance, négligence des parents. Toujours n’est-il pas enregistré dans le registre de l’état civil. Ousmane est donc jusque-là privé de son droit d’existence aux yeux de l’Etat. « L’extrait de naissance de l’enfant est son premier passeport, son premier droit, c’est sa citoyenneté. Nous constatons effectivement que les enfants ne sont pas enregistrés », explique Kémoko Dioubaté, chef de service officier de l’État civil de la commune de Matoto. « Il y a un amalgame que les parents font entre l’enregistrement et la déclaration de naissance. Quand l’enfant naît à l’hôpital, le papier qu’on donne aux parents est une déclaration de naissance qui est différente d’un enregistrement dans le registre officiel de l’état civil. Certains parents gardent ces déclarations alors que leur validité est de deux mois. Dépasser ce délai, c’est changer complètement la procédure d’enregistrement de l’enfant ». Et Kémoko Dioubaté d’ajouter : « Quand la déclaration dépasse le délai de deux mois et que le parent veut se procurer l’extrait de naissance de son enfant, selon la loi, le parent s’adresse au tribunal qui lui remet un jugement supplétif qu’il présente à l’état civil pour obtenir l’extrait de l’acte de naissance de l’enfant ».

Faisant fi de la procédure normale d’enregistrement, des parents du quartier Entag tombent dans la facilité, ils s’adressent à l’état civil du quartier voisin, Tombolia. Le chef de service officier de l’état civil de Matoto met en garde : « L’état civil de Tombolia assure un service secondaire. Il célèbre les mariages, il n’est pas habileté à faire des extraits de naissance. Les actes de naissance qu’il fournit sont des faux. »

La problématique d’extrait d’acte de naissance d’ordinaire constitue un écueil à l’enregistrement biométrique des citoyens. Et le problème semble avoir de beaux jours devant lui.

Mariama Keïta, stagiaire