Le procès du massacre du 28 septembre 2009 s’est poursuivi ce mercredi 12 juillet au tribunal criminel de Dixinn délocalisé. Marcel Guilavogui, l’un des accusés, continue de répondre aux questions du procureur. Alors que tout le monde attendait qu’il parle des morts et des blessés au stade, Marcel se contente de charger le capitaine Moussa Dadis Camara.
A plusieurs questions du procureur Sidiki Camara, il est resté évasif. Il admet qu’il y a eu des morts et des blessés le 28 septembre, mais qu’il n’a rien vu. S’agissant du cas des viols, l’accusé soutient : « Les femmes ne peuvent pas inventer. En tant qu’être humain, quand une femme se lamente dans ce sens, il faut la consoler ». Parlant des corps disparus, Marcel affirme qu’il ne sait où ils sont ensevelis. Il pointe du doigt le général Théa alors commandant du camp Samory Touré où ces corps ont été transportés. « C’est lui qui sait ce qui s’est passé », dit-il, avant d’ajouter : « Si Dadis a envoyé des soldats mal formés au stade, il peut dissimuler des corps avec eux ». Qui a commis ces crimes ? lui demande le procureur. Marcel Guilavogui n’y va pas du dos de la cuillère pour répondre : « C’est le président Moussa Dadis et son groupe qui ont commis ces crimes (…) Le président Dadis a la mauvaise foi, son chargé d’opération Makambo faisait tout pour lui. Tout ça a été géré par Dadis et son staff Makambo, Gono Sangaré. Ceux qui avaient les cauris sur la tête, ce n’était pas des civils qui étaient au stade, c’était des soldats habillés en civils ». Marcel est formelle que le capitaine Moussa Dadis Camara est sorti du camp, destination le stade du 28 septembre. Même s’il ne l’a pas vu, il confirme que les soldats de Kaléya étaient au camp, c’est Makambo Loua qui les dirigeait. Ils ont été transportés dans des cars pour aller au stade, accuse-t-il.
De l’épisode « Clinique Ambroise Paré », Marcel répète qu’il a sorti la grenade contre Moussa Tiegboro Camara, parce que « ce sont eux qui ont fait ce qui s’est passé au stade » et que Tiegboro a contribué à « gâter leur pouvoir ».
Vous ne cessez dire que le président Dadis Camara vous a trahi… fait remarquer le procureur. L’ancien membre de la garde présidentielle du capitaine Moussa Dadis répond : « D’abord, il m’a empêché d’aller suivre les cours d’officier, il m’a écarté, je n’ai eu aucun poste. Durant tout son règne, il ne m’a donné que 2 millions de francs guinéens. »
Le procureur a rappelé que Toumba Diakité avait dit à la barre que lors d’une réunion, que lui Marcel avait dit qu’il n’allait rien dire même devant un char. Marcel rétorque que ce n’était pas une réunion, il confirme que Toumba l’a appelé pour lui dire que le procès commence, et de dire la vérité. « Je leur ai dit de dire leur vérité, je vais dire ma vérité. Je n’ai jamais dit même devant un char, je ne vais rien dire ». Le procureur d’enchaîner : « Quel est le motif de votre divorce entre vous et Dadis ? Nous avons appris que vous avez demandé 300 millions ? » L’accusé répond : « Non, ce n’est pas vrai. Ce qu’il ne m’a pas donné quand il était au pouvoir, c’est maintenant qu’il va me donner ? Ce sont ses avocats qui sont en train de faire ces montages… »
Parlant des événements du 3 décembre 2009, Marcel nie toute participation à la chasse à l’homme après la tentative d’assassinat contre Moussa Dadis Camara. Le procès se poursuit avec les questions des avocats.
Ibn Adama