Il est parfois nécessaire d’évoquer des réalités sociales évidentes, conçues et acceptées. Ces normes, plus ou moins respectées, déterminent la force d’un groupement. Sans porter de jugement de valeur, on entend parfois ceci : « Ici, c’est chez nous… » La loi condamne ce comportement. Ainsi, quand on respecte ces normes, on qualifie de « société » de ces utilisateurs : société des marabouts, société des m’batoulas, société X. La famille, la religion, l’État sont les structures plus ou moins stabilisatrices.
Le rappel de ces évidences invite modestement à la modération, parfois à la retenue salutaire. Le rappel est très probablement un acte qui invite à la retenue quand l’harmonie est souhaitée.
Aux premières années de sa gestion, le président Lansana Conté, Dieu lui accorde Son paradis ! recevait et écoutait. Nous étions en 1985. Le hasard des invitations du mois de mars de l’année 1985 réunit deux diasporas autour de ce curieux général : Amadou Diallo, notaire, Ibrahima Diallo, enseignant, ennemi juré du système Sékou Touré. A trois, dans son bureau, il dit directement à Amadou Diallo : «Tu refuses d’être mon conseiller pour les impôts. Tu perds beaucoup avec ce refus». Amadou, avec modestie et fermeté qu’on pouvait déceler dans sa voix, répondit : «Monsieur le président, vous gagnerez, le pays gagnera et la paix pourra régner dans notre pays». Cette réponse d’Amadou décontenança le pauvre enseignant. Diallo I avait apprécié «l’expression de la conviction. Dire non à un chef d’Etat, pour l’argent.»
En 2023, cet acte doit être évoqué : celui de cet homme (Dieu lui accorde Son paradis !), en la réponse de Amara Soumah, ce noble Baga-Soussou de Kaporo. Amara Soumah, l’un de ceux-là qui ont fait accepter Sékou Touré à la communauté Baga-soussou, quand il a découvert la « nature vraie » de ce dirigeant, il s’en est définitivement écarté. Il se tient loin de Sékou Touré et de son système, malgré les supplications, les menaces. Il s’éloigna du système dictatorial. Sa maison du Point I de Dakar a toujours été ouverte tant sur le plan des idées progressistes que sur le plan des assiettes. Ses enfants, contrairement à beaucoup d’autres, ne se sont jamais plaints de terrain, de possession de terrain- Amara Soumah, enterré à Kaporo, est un véritable patriote, humble social, véridique et aimable.
Chers pèlerins, il est parfois nécessaire de faire évoquer, par vous qui venez du pays de naissance de notre prophète, l’humanisme de nos compatriotes comparable à cet envoyé du TOUT-PUISSANT. El Hadj et Hadja de 2023, ayez le courage et le plaisir d’évoquer les actes de vos compatriotes religieux. Allez rendre visite à nos compatriotes voisins. L’islam est une vision, un monde que beaucoup de Guinéens incarnent. La Guinée est un pays de générosité, montrez par vos visites, vous qui venez de la Mecque, que l’humanisme est en Guinée. Beaucoup d’entre vous ont visité la Mecque, grâce à la générosité de Guinéens qui n’ont pas vu la Mecque, mais qui sont dans l’esprit de la Mecque.
Montrez au monde musulman, que la Guinée est un pays de générosité intellectuelle, morale et spirituelle. La Guinée, pays de générosité, est visible pourtant : « Hé Moussa, nous avons appris que tu as envoyé ton oncle à la Mecque. Tu as la bénédiction de la grande famille, tu as la bénédiction des démunis. »
Il y a des centaines de Moussa en Guinée. Vous avez été à la Mecque cette année, soyez « des révolutionnaires ». Honorons publiquement ceux qui vous y ont envoyés. Rêvons, rêvons, créons la journée nationale des ‘’généreux envoyeurs’’. Prions pour eux, pour leur générosité, leur humilité.
Messieurs de la ligue islamique, réfléchissez à créer une Journée nationale des généreux musulmans. Soyez des premières organisations religieuses à innover. Réfléchissez à rendre plus attrayante notre ligue islamique. Elle mérite un journal qui traite des sujets importants à l’aune des différentes visions islamiques. Vous devez également vous préparer à un combat de visions et d’écoles.
La Guinée qui a souffert de la dictature d’une clique de gens sans scrupules, se doit aujourd’hui d’être à la pointe de la révolution, de l’innovation politique. Elle doit être le berceau de l’innovation impersonnelle. Nous aimerions lire dans l’histoire des pays sous-développés : « La Guinée est le pays qui a impulsé la révolution du tiers-monde. » Mettons en exergue ces Diallo Amadou et ces Amara Soumah, et la Guinée sera définitivement sauvée.
Léopold Sédar Senghor, Félix-Houphouët Boigny, issus de grandes familles, nourris de culture universaliste, ont défié l’ignorance, l’esprit de suffisance du colon français, pour tracer le chemin au savoir et au relativisme.
Il faut détruire la Guinée, pays mortifère, et bâtir à la place une nation de tolérance, de rigueur, de justice. Il est venu le temps de chanter l’amour du prochain.
Diallo I