Ce lundi 17 juillet, le procès  du massacre du 28 septembre s’est poursuivi  au tribunal de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel  de Conakry. De retour à la barre depuis la semaine passée, le capitaine Marcel Guilavogui avait promis de dire à présent ce qu’il sait des tueries.  Les avocats de la partie civile en doutent, convaincus que l’accusé, friand à charger Dadis et Tiégboro, tire le drap de son côté. 

Néanmoins, Me Hamidou Barry, un d’eux, dit avoir tiré quelque chose de ses déclarations. « Marcel Guilavogui a reconnu qu’il a été au stade du 28-Septembre, il a traversé la pelouse, il est monté à la tribune. Cela est important pour nous partie civile.  Le commandant Toumba avait dit que Marcel était au stade. Qu’il a même demandé à Marcel et à ses éléments d’arrêter de tirer et qu’il a refusé. Ils ont continué le massacre. L’élément important que nous avons obtenu de monsieur Marcel, c’est son aveu sur sa présence au stade avec ses  éléments. Je crois que le tribunal a compris qu’il est vraiment impliqué dans les affaires des événements du 28 septembre 2009 ». Me Barry s’interroge en revanche sur les complicités, surpris qu’avec autant de crimes commis le 28 septembre et les jours suivants, au stade et dans les différentes garnisons militaires, qu’on se retrouve avec seulement onze accusés à la barre. « Il y a d’autres personnes qui doivent être là. Je crois que le tribunal fera le travail pour que les autres comparaissent à leur tour ».

« Être au stade n’est pas une preuve de culpabilité »

Me Hamidou Barry espère également une confrontation entre Marcel et le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, pour faire jaillir la vérité. « M. Marcel même a dénoncé une grande personnalité qui est là, qui a vu des camions remplis des corps. Que le procureur prenne la disposition pour que cette personne vienne expliquer sa part de vérité. Peut-être que les événements du 28 septembre 2009 ont été l’œuvre des centaines de personnes. Qu’on dénonce ceux qui y ont participé de près ou de loin », interpelle l’avocat de la partie civile.

Maître Sidiki Bereté, avocat de Marcel Guilavogui, a rappelé que son client est poursuivi pour neuf infractions pour lesquelles il plaide toujours non coupable. A ses yeux, être présent au stade n’est pas une preuve de culpabilité. « Le ministère public et la partie civile n’ont qu’à se battre pour administrer la preuve. Sa présence au stade ne démontre en rien qu’il a commis de l’assassinat, de meurtre, coups et blessures, viols… Marcel est serein. Même s’il a changé sa déclaration, il est toujours dans la posture du non-coupable et moi, en tant que professionnel, je ne suis qu’un mandataire. Donne-moi les faits, je te donne le droit. La qualification dépend des faits et de ses déclarations. Pour le moment, tout va bien et on l’accompagne quand même. » 

Mariama Keita (Stagiaire)