Ce 18 juillet à l’hôpital de l’Amitié sino-guinéen, la Chambre de jugements de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) a entendu Amadou Damaro Camara, ancien président de l’Assemblée nationale.
Poursuivi pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux, le juge Francis Kova Zoumanigui, en présence des parties, a écouté l’accusé, de son lit de malade, au sujet de ses aptitudes physiques et mentales.
Précisément, le parquet spécial près la Crief le poursuit soupçonne Damaro d’avoir détourné quinze milliards de francs guinéens destinés à la construction du siège de l’Assemblée nationale sur le plateau de Koloma. Sa coaccusée, Zeinab Camara, ex-deuxième questeure de l’Assemblée nationale, se trouve à l’étranger pour des raisons familiales, en accord avec la justice.
Damaro annoncé en audience publique
Au sortir de l’audience de l’hôpital sino-guinéen, Me Santiba Kouyaté, avocat d’Amadou Damaro Camara, déclare que tout s’est déroulé dans un climat de convivialité. «Il s’est prêté aux questions relatives à son état de santé. Mais, ce qui est des débats proprement dits, on attend les audiences publiques afin qu’il donne des explications. C’est un dossier qui a fait couler beaucoup de salive. L’honorabilité d’Amadou Damaro Camara est atteinte. »
Me Kouyaté précise que les débats ne peuvent pas se tenir à huis clos. «Il a préféré venir aux audiences publiques pour démontrer à la face du monde que les faits articulés contre lui ne tiennent pas. Mon client a toujours exprimé la volonté de se présenter aux audiences publiques. Mais, son état de santé ne le lui permet pas. Il a dit tout à l’heure aux magistrats que quand on perd de l’argent, on n’a rien perdu, mais quand on perd sa réputation, on a tout perdu. A cause de ce dossier, la réputation de mon client est entamée. Il viendra aux audiences publiques pour exprimer à l’opinion nationale qu’il est blanc dans ce dossier.»
Me Santiba Kouyaté estime qu’Amadou Damaro Camara a répondu aux questions du juge de façon lucide et cohérente, que sa santé mentale n’est pas entamée. Ce qui n’a pas empêché la défense de l’ancien président de l’Assemblée nationale de demander l’évacuation sanitaire de son client, car « il a besoin de se faire traiter ». Mais, pour l’heure, la Cour n’a pas statué là-dessus. «Tout ce qu’on demande, c’est de faire en sorte que le droit soit respecté. Si le droit est respecté, je vous assure que monsieur Amadou Damaro Camara rentrera à la maison », rassure Me Santiba Kouyaté.
A rappeler qu’Amadou Damaro Camara a été placé sous mandat de dépôt en avril 2022 à la Maison centrale de Conakry. La reprise du dossier est attendue en octobre, après les vacances judiciaires.
Yaya Doumbouya