Vendredi 21 juillet. cent élèves greffiers (6ème promotion) et cent auditeurs de justice, (7ème promotion) ont prêté serment à la Cour d’appel de Cona-cris. Recrutés par voie de concours, ils ont intégré le Centre de formation judiciaire (CFJ) pour deux ans. La première étape à franchir pour entrer dans le système judiciaire guinéen.

La cérémonie de prestation de serment s’est déroulée dans la salle d’audience du procès du massacre du 28 septembre 2009. Elle a enregistré la présence de plusieurs ministres de la Transition, dont le Premier ministre, Nanard Goumou. Maints officiers de justice venus un peu partout à travers le bled ont également participé à la cérémonie. Pour l’occasion, la Cour d’appel a siégé pour une audience solennelle.

Alhassane Naby Camara, dirlo du Centre de formation judiciaire déclare que ce recrutement reflète la volonté des autorités à réformer le secteur judiciaire de la Guinée. « Il vise à combler le déficit chronique de greffiers et de magistrats dans le pays et à rajeunir deux corps longtemps restés sans formation ni vision ». Amen ! Selon lui, ce serment engage et oblige ces nouveaux élèves tout au long de la formation. Il met en garde et invite les élèves à ne pas prendre le serment à la légère. « Tout manquement à la déontologie et l’éthique fera l’objet de sanctions sans aucun état d’âme. Pas de complaisance, ni de favoritisme », argue-t-il.

Un statut contraignant

Bien avant le début de la cérémonie, le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Alphonse Charles Wright, a causé avec les futurs magistrats et greffiers. Pour lui, les admissions au concours de recrutement ne sont pas un droit acquis. «À la moindre erreur, l’intéressé pourrait être radié du CFJ ». Selon le ministre, la formation est le seul moyen de préparer une carrière judiciaire. Il compte faire d’eux des élites de la magistrature guinée-haine. « Le serment que vous prêtez est sacré. Celui qui prête serment doit absolument se soumettre à loi de la confidentialité, au secret professionnel. C’est le même contrat qui lie les médecins et les patients. Vous avez fait le choix de vous orienter vers une carrière judiciaire. Faire un choix implique assez de responsabilités ». D’indiquer aux recrues que prêter serment ne veut pas dire qu’ils sont déjà magistrats ou greffiers. « Ça veut dire tout simplement que vous entrez à l’école en tant qu’élèves greffiers et auditeurs de justice. En tant qu’élèves, vous serez en contact avec des dossiers vivants dans lesquels vous trouverez des informations confidentielles ». Charles Wrong attire l’attention : « Vous êtes désormais dans un monde réel, loin des fictions de la télévision. C’est un monde qui vous impose un certain nombre d’obligations face auxquelles vous ne pourrez que vous soumettre. Vous êtes sur un chemin irréversible à partir de ce jour ». 

Leçons de morale

Le Premier des ministres, le prési de la Cour d’appel, le pro-crieur, le dirlo du CFJ, tous ont donné des leçons  aux recrues sur l’attitude qu’ils doivent désormais adopter. Charles Wrong leur a déclaré : « On ne forme pas des gens pour l’ethno-stratégie, ni pour des valeurs régionalistes, on forme des personnes qui ont le mérite d’exercer une profession noble. C’est un grand pouvoir que vous avez, surtout une grande responsabilité. Mais en toute circonstance, vous devez vous montrer dignes de votre métier ». Le garde des Sceaux les exhorte d’abandonner toute pratique qui ne rime pas avec leur profession, à respecter le règlement intérieur du CFJ, à quitter les réseaux sociaux, à se retirer des débats politiques, ethnocentriques, à éviter de commenter l’actualité et  à apprendre à vivre dans un cadre de discrétion. Charles Wrong : « Vous êtes entrés dans cette formation, mais vous ne vous en sortirez pas tous. Seulement ceux qui se comporteront conformément à leur serment mériteront de porter avec fierté ces robes de magistrats et de greffiers ».

Dignes représentants de la République

Dans son laïus, le PM, Nanard Goumou, a transmis les félicitations du Prési du CNRD, colonel Mamadi Doum-bouillant, avant d’indiquer : « En prêtant serment, vous vous engagez à être les gardiens des valeurs : droits, équité et vérité, à les défendre avec intégrité et les honorer avec vos actes au quotidien. Vos fonctions vous conduiront à travailler main dans la main, avec des juges, avocats et autres, pour que nos tribunaux soient des lieux où règnent l’impartialité et la transparence ». Il les invite à servir avec honneur, intégrité et passion. Le PM affirme que le rôle des magistrats et greffiers n’est pas que technique, il est humain. « Vous serez en contact direct avec des personnes concernées par des procédures judiciaires. Votre empathie et votre sens d’écoute seront essentiels pour les soutenir, les rassurer tout au long du processus ». 

Pour le PM, le serment prêté sur l’honneur, respecté sur les pratiques quotidiennes, les valeurs enseignées au CFJ, la déontologie de ce métier, doivent se refléter dans leur prise de parole et conduite. C’est qui ce qui leur permettrait d’incarner une justice équitable pour tous. Il clame que son gouvernement est plus que jamais déterminé à corriger les tares et imperfections du système judiciaire guinéen.

Au terme des laïus et prototocoles judiciaires, chacun des 200 élèves a, à tour de rôle, juré de garder scrupuleusement le secret professionnel et de se conduire en digne et loyal «greffier ou auditeur de justice ».

Abdoulaye Pellel Bah