Une délégation tripartite CEDEAO-UA-ONU était censée se rendre à Niamey le 8 août, pour tenter de faire fléchir la junte nigérienne. Les putschistes leur ont opposé une fin de non-recevoir. L’Organisation ouest-africaine, malgré l’expiration de son ultimatum depuis dimanche, privilégie toujours la voie diplomatique.
Plus les jours passent, plus les chances d’une intervention militaire au Niger pour rétablir le Président, Mohamed Bazoum, s’amenuisent. Malgré la défiance de la junte dirigée par le général Abdourahamane Tchiani vis-à-vis de la CEDEAO, cette dernière tente le tout pour le tout pour convaincre les putschistes de lâcher prise. En vain. La junte s’enferme sur elle-même et reste sourde à toute tentative de négociations. Elle évoque un problème de sécurité pour justifier le refus d’accueillir la délégation tripartite. La CEDEAO « prend acte » du refus, mais se décide de continuer « à déployer toutes les dispositions nécessaires » pour une sortie de crise négociée. Même si elle prend « l’attitude de la junte comme une défiance », elle en tirera « les conséquences ».
Le président du Nigéria, Bola Tinubu, n’exclut toujours pas l’intervention militaire, malgré une forte opposition de ses populations, mais réaffirme que la meilleure voie reste la diplomatie. Selon Ajuri Ngelale, porte-parole de Tinubu, la CECEAO préférait « une résolution obtenue par des moyens diplomatiques, par des moyens pacifiques, plutôt que tout autre. En attendant toute autre résolution qui pourrait ou non résulter du sommet extraordinaire de la CEDEAO prévu jeudi. Nous nous attendons à ce que d’importantes décisions soient prises».
A ce stade, ou du moins jusqu’à ce qu’une autre décision sorte du sommet de demain jeudi, l’on est parti pour une sortie de crise négociée, à l’issue incertaine ; les militaires nigériens n’étant jusque-là pas coopératifs : « Chaque vie humaine compte, et cela signifie que chaque décision prise par le bloc (ouest-africain) le sera en tenant compte de la paix, de la stabilité et du développement non seulement de la sous-région, mais aussi du continent africain », a déclaré le porte-voix sur RFI.
On est loin donc de la fermeté et de la détermination affichées au lendemain du coup de force du 26 juillet dernier. Au Nigéria, le Président Tinubu est coincé entre deux équations : donner l’ordre d’intervenir militairement au Niger avec toutes les conséquences sécuritaires notamment, ou privilégier le dialogue et paraître faible, aux yeux de l’opinion, vis-à-vis de la junte. Le sommet extraordinaire de demain jeudi sera plus que crucial.
Yacine Diallo