En Guinée, les mouvements de soutien en faveur du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) et de son président sont interdits sur toute l’étendue du territoire, depuis la prise du pouvoir par l’armée. Malgré l’interdiction, le dimanche 13 août, des jeunes de Kankan (Haute-Guinée), région d’origine du colonel Mamadi Doumbouya, ont passé outre. Ils ont investi les rues de la ville, pour disent-ils, « soutenir les actions du colonel Mamadi Doumbouya », président de la Transition. Aussitôt informé, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright, annonce des poursuites judiciaires contre les organisateurs de cette manifestation.

Du deux poids deux mesures ? C’est hors de question pour le garde des Sceaux, qui a réagi, dans l’émission Mirador de FIM FM, ce lundi 14 août : « Dans notre politique pénale, il n’y a pas deux Guinéens, il n’y a pas deux Guinée, il n’y a pas deux positions diamétralement opposées, ce n’est pas possible ». Le principe est très clair.  « Que ce soit pour ou contre (le CNRD, ndlr), toutes manifestations non autorisées feront l’objet de poursuites judiciaires ». Pour ce qui est de Kankan, il instruit le procureur d’engager des poursuites judiciaires « contre les organisateurs et toute autre personne liée à la manifestation, s’il est établi que c’est une manifestation politique qui a eu lieu sans autorisation ».

Le ministre Alphonse Charles Wright réitère que le Colonel Mamadi Doumbouya « n’est pas là pour ça ». Et d’ajouter que le président « a été très clair, il ne faut pas créer l’amalgame dans la tête des Guinéens. Le président ne peut pas dire une chose et que le contraire se passe sur le terrain. La conformité et l’égalité de tous doivent s’affirmer devant la loi».

Une propagande ?

Le ministre de la Justice estime qu’il faut faire la part des choses. Il indique que concernant les cortèges, marches et défilés, de façon générale, l’article 621 du code civil est clair : « Ils doivent faire l’objet de déclarations publiques préalables. Mais, il y a eu des exceptions. Sont dispensés de cette déclaration, les sorties sur les voies publiques conforment aux usages locaux notamment, les cérémonies religieuses, culturelles, artistiques et traditionnelles… Si c’est établi que c’est un cortège, une réunion sur la voie publique qui ne sont pas déclarés au préalable, le procureur général va engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs ».  Le garde des Sceaux met en garde : « Que personne ne sorte pour dire qu’on soutient le président, on est ceci, on est cela. Nous ne sommes pas des politiques, nous ne sommes pas en période des campagnes ».

L’ancien Premier ministre, François Louceny Fall, a également été interrogé sur ce dossier. Il fait carrément confiance à Charles Wright et à ses démarches. Le président du parti UNPG (Union nationale des patriotes de Guinée) pense que personne ne devrait être au-dessus de la loi et estime que « nous sommes à la recherche d’un Etat de droit. La loi est applicable à tout le monde et comme le ministre s’est engagé à mener des enquêtes sur cette manifestation à Kankan, je crois que la loi doit être égale pour tous les citoyens. Je lui fais confiance, il fera des enquêtes nécessaires pour situer les responsabilités ».

Abdoulaye Pellel Bah