Les débats d’orientation budgétaire se sont déroulés, mercredi 16 août, au Conseil national de la transition (CNT), au Palais du peuple (Kaloum). En prélude à l’élaboration du projet de Loi de finances 2024, le ministre du Budget, Lancinet Condé, a présenté le Document de programmation budgétaire pluriannuelle 2024-2026 aux CNTêtards (conseillers nationaux). Ce qui a mobilisé ministres, partenaires économiques et acteurs sociopolitiques.
D’entrée, le ministre a précisé que la Programmation budgétaire pluriannuelle vise à améliorer l’efficacité et la qualité des dépenses publiques, afin d’accroître les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement. Ce qui permettrait de répondre aux défis de doter le pays d’infrastructures. Le budget de la période 2024-2026 se chiffre à 47 906,6 milliards de GNF.
La ministre du Plan et de la coopération internationale, Rose Pola Pricemou, a évoqué le Programme de référence intérimaire (PRI 2022-2025) défini comme « un outil de développement de notre pays. La stratégie d’intervention du PRI est la réponse des autorités aux défis d’édification d’institutions politiques, judiciaires et sécuritaires ; d’accroître le stock d’infrastructures pour renforcer les bases matérielles du développement du pays, accélérer sa croissance économique ; de digitaliser et diversifier l’économique…».
Plus de 15 mille milliards pour 2024
Après un taux de croissance de 5,5% en 2022, l’économie guinéenne pourrait enregistrer une croissance de 6,1% en 2023, grâce à la mise en œuvre du Programme de référence intérimaire 2022 – 2025 et le Plan de relance économique. Le ministre de l’Économie et des Finances, Moussa Cissé, a annoncé 358 projets prioritaires. Il a décomposé les 47 906,6 milliards de GNF de dépenses d’investissement 2024-2026 en : « 20 706 milliards de ressources propres, soit 49,2%, y compris les droits et taxes pour 1310, 45 milliards et 27 200 milliards (56,8%) sur financement extérieur ». Pour 2024, « les dépenses sont évaluées à 15 299,5 milliards, soit un accroissement de 11,6 % par rapport au budget de 2023. Elle se décompose en financement sur ressources propres pour 6 599,6 milliards (43,1%) et en financement extérieur, 8 700 milliards (56,9%). Pour 2025 et 2026, elles sont projetées respectivement à 15 883,8 et 16 723,15 milliards ».
Pour la répartition sectorielle de ces dépenses, selon Moussa Cissé, le développement rural occupe près de 10% (4 686,1 milliards) ; le secteur de l’eau, de l’énergie, des mines, de l’industrie et des services 15,8% (7 556,2 milliards) ; infrastructures et équipements pour 40,2% (19 275, 2 milliards) ; le secteur social devrait absorber 3 906,3 milliards, soit 8,2% et l’administration générale 23,3% des investissements publics projetés sur la période, soit 11 172 milliards de francs glissants.
Une centaine de milliers de milliards de recettes
Lancinet Condé, ministre du Budget, est revenu sur le volet recettes pour les trois prochaines années, non sans plaider la validation de son document. « Compte tenu des efforts de politique fiscale envisagés et le financement potentiel attendu de nos partenaires techniques et financiers, les recettes du budget de l’État pour les trois prochaines années sont projetées à 108 131, 81 milliards de francs guinéens dont 96, 66 000 milliards proviendront des recettes intérieures ».
Le ministre du Budget annonce des déficits budgétaires de -3,18% en 2024, -3,15% en 2025 et -3,06% en 2026. « La stratégie de financement proposée pour cette période prévoit une substitution progressive de l’émission des bons du trésor par des obligations du trésor qui ont des échéances de moyen et long terme (3 à 5 ans). Par ailleurs, notre endettement sera maîtrisé pour atteindre un encours de la dette inférieure à 40% du PIB. La dette extérieure devrait représenter plus de la moitié de l’endettement », rassure Lancinet Condé.
Un brin optimiste, ce dernier projette des lendemains prometteurs. « Sur la période 2024-2026, le taux de croissance moyen est estimé à 6,5% avec un pic de 7,4% en 2026, soutenu par la forte mobilisation des investissements dans les secteurs secondaire (41%) et tertiaire (34%). L’inflation sera maîtrisée à un niveau moyen annuel de 6,3% sur la même période par rapport à 11,2% pour 2020-2022… s’ajoutera à ces efforts, les mesures de stabilisation de la monnaie nationale et le rapatriement des recettes d’exportation ».
Examen et analyse en commissions
« La transparence et la responsabilité sont des impératifs moraux et une nécessité pour restaurer la confiance dans nos institutions. En tant que représentants du peuple, il nous revient la responsabilité de veiller à ce que chaque unité monétaire allouée dans le budget serve les intérêts de tous et contribue à la prospérité collective », recommande Dansa Kourouma, le Prési du Conseil national de la transition. Le patron du CNT rappelle que « le nouveau statut des pays à revenus intermédiaires implique des changements significatifs dans les besoins financiers et les priorités nationales dont la réduction de la pauvreté, une croissance économique soutenue, la création d’emplois, l’amélioration de l’accès aux soins de santé et une éducation de qualité. La nécessité de maintenir une stabilité économique et politique amène le CNT à naviguer habilement dans cette transition pour éviter la sur ou sous allocation des ressources ».
Après la présentation, les conseillers nationaux vont, les 17 et 18 août, examiner et analyser, en commissions, le document d’orientation budgétaire 2024-2026.
Abdoulaye Pellel Bah